Nous suivons des gamins de rue d'une ville touristique de Bolivie et plus particulièrement Saturnino, sa petite sœur Luzia et Patte-folle. Ils vivent des menus métiers de rue comme cireurs de chaussures et grappillent ici et là de quoi se nourrir. La vie n'est pas facile et les touristes profitent... pour survivre il ne leur est pas rare de devoir aussi voler.
Le dictateur fait place net avec sa milice sans considérer le peuple. Un jour, Saturnino est pris en flagrant délit de vol auprès d'une belle jeune touriste. Un milicien arrive et souhaite l'enfermer (ou pire). "Si tu sais ce que va faire un macaco, tu en sais plus que lui". Un vieil homme très élégant, Romero, prend parti pour le pilluelo (gamin des rues). Il propose à Saturnino de venir le voir le lendemain et d'emmener ses copains et sa petite sœur.
C'est le départ d'un nouvel espoir dans ce climat politique tyrannique et cette misère, encore faut-il que le monsieur ne soit pas un cazadore (touriste sexuel). Le rendez-vous est à l'école de musique.


Bien-sûr le livre parle de l'atmosphère oppressive de la rue, de la ville, de la misère, de la politique, de la situation d'orphelin, mais c'est encore plus l'espace de liberté, d'émotion écoutée, d'attention, de partage, qu'est l'école de musique qui m'a le plus embarquée.
Cet apprentissage de la musique est un réapprentissage de la confiance. Romero est un Maestro (chef d'orchestre), revenu en fin de parcours dans son pays. Sa pédagogie musicale est fabuleuse. Le premier contact avec la musique est auditive mais aussi tactile et émotionnelle : les enfants sont invités à poser leur oreille sur le caisson d'un violoncelle. "Ils jouaient un truc inimaginable, un énorme morceau de gaieté dans lequel chacun pouvait mordre comme dans un gâteau. Rien qu'à l'écouter, j'avais envie de galoper, de sauter, de danser, de crier..." dit Saturnino de la "Marche de Radetsky" de Johann Strauss. Les enfants se mettent aux instruments, la partition sous les yeux juste pour se l'approprier sans apprendre pourtant le solfège. Et puis une fois que chaque instrument connait son morceaux, le Maestro propose un concert privé...


L'école est un repère, un espace privilégié. Un espace atteignable aussi par le dehors même si les enfants y viennent pour la musique en laissant le reste à l'extérieur. C'est un espace où ils grandissent, se trouvent un peu, sont accompagnés... une première approche des changements dans une vie entre l'enfant et l'adulte qu'il deviendra.


Un roman à recommander! "Ce que j'aime en musique, on peut recommencer des milliers de fois comme si c'était neuf."

Vef
8
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le 12 nov. 2016

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