Un animal comme les autres

• Lundi matin - 6:30 AM - Je me dirige vers la porte de sortie de ma rame de métro préférée en même temps que 67 de mes congénères (à la louche), quand un bourrin nous percute tous (Les femmes et les vieux d'abord restons courtois), bien décidé à entrer dans sa cage à lapins en dépit du flot contraire, de la raison, et de pas mal d'autres choses encore.


• Mardi - 6:00 PM - J'attaque une côte pavée en vélo, un taxi me gratifie d'une superbe queue de poisson qui m'envoie dans le décor... Rattrapé au feu rouge à une trentaine de mètres de là, ce génie méconnu me reproche vertement de rouler sur une voie réservée aux bus...


• Mercredi - 8:15 AM - Dans une petite file d'attente, une dame très propre sur elle s’intercale entre moi et la personne en face, affectant d'éplucher le menu de son portable. Je lui fait remarquer cet épiphénomène, ce à quoi elle me répond avec condescendance que la maternelle est maintenant derrière moi (...)


• Jeudi - 17:45 PM - Je suis assis sur le strapontin d'une rame de métro (encore), un gros baraqué vient s'asseoir à côté de moi en m’enfonçant son coude dans les côte tout en me regardant - On s'engueule, mais je m’aperçoit qu'il jette quelques coups d’œils à un autre type en blouson noir qui me fixe... Je sent venir le sale plan, quand mon sympathique voisin me présente sa carte de fonctionnaire de police en me "demandant" de bien vouloir descendre avec eux au prochain arrêt: Mains sur un mur, fouille au corps bien appuyée, questions débiles, etc, etc...


• Vendredi - 09:15 PM - Coincé comme tout le monde par le camion d'éboueurs qui s’attèlent à leur tâche difficile, un automobiliste décide de ne plus relâcher la pression sur son klaxon, histoire de faire comprendre à tout le quartier qu'il désapprouve ce qu'il semble vivre comme une insupportable injustice spécialement dirigée contre son pauvre nombril.
  (...)

Les sept jours d'une petite semaine ne suffiraient pas à épuiser les expressions quotidiennes de la bêtise caractérisée, et j'en livre bien sûr un modeste best of condensé, mais quand je repense à ces trous d'balle, je cède à quelques minutes d'introspections sanguinolentes, après quoi je me rappelle que tout le monde peut être ponctuellement con, ça arrive, ça m'arrive, et avec un peu de repos ça passe dans la plupart des cas.

Quoi qu'il en soit, un manuel de cruauté envers les animaux peut aider à surmonter ce genre d'épreuves:

Les animaux n'ont ni fierté ni amour propre, ils s'en fichent pas mal et ne se soucient guère de l'opinion d'autrui, être eux-même dans une sorte de présent absolu leur pompe suffisamment d'énergie comme ça - Tout juste s'autorisent-ils à être raisonnablement cons de temps à autres. Alors quoi de plus réjouissant que d'en maltraiter quelques uns dans le cadre strict d'un protocole expérimental ludique et curatif pour les nerfs? (Quelques succédanées me viennent cependant à l'esprit).
C'est ce que propose de faire ce livre sobre et méticuleux à travers une (trop) petite centaine d'exemples pratiques, présentés à la manière d'un guide didactique agrémenté de schémas explicatifs savoureusement redondants: Faire fumer un crapaud, cracher dans l'oeil d'un lama sans raison valable, inoculer un laxatif à des pigeons, saler un escargot vivant, pousser un scorpion au suicide, tenter un ace avec un canari, expliquer le fonctionnement d'un micro-ondes à quelques fourmis, balancer des boules de neige sur le cul d'un ours blanc pour lui administrer sa première leçon d'amour propre… La neutralité très factuelle de l'exposé n'offre certes pas grand chose à lire, mais produit un décalage absurde avec les illustrations schématiques et la nature complètement potache du propos.
Pas de préambules, aucun intitulé, zéro commentaire. L'auteur bravache est absent des pages de ce guide pince-sans-rire, qui ne manquera pas de choquer les bonnes âmes pour qui l'ironie est parente de la vulgarité.

A la lettre H - H comme "Hippopotamus":
"Attendre que l'hippopotame mange. Arriver par derrière. Se tenir face à son postérieur (~80cm). Viser le repère [A]. Lui porter un puissant coup de la pointe des santiags. S'enfuir en courant."

Celle-là, c'est pour la dame très propre sur elle.