Houston 1981 : dans la ville pétrolière, un avocat noir, ancien activiste, essaie de s'en sortir...
Native de Houston, Attica Locke a publié ce premier roman à trente-cinq ans en 2009 (traduction française en 2012). Scénariste professionnelle à Los Angeles, elle réalise un roman largement honorable en tant que thriller policier, mais parvient surtout à captiver par la belle double plongée qu'elle exécute, dans les mouvements noirs des droits civiques à la fin ds années 60, au moment où se préparent la défaite et la radicalisation sans espoir, sous les assauts paranoïaques d'un FBI agissant à cette époque en véritable police politique, d'une part, et dans l'écheveau des liens et des compromissions intense qui lient les milieux d'affaires pétroliers internaitonaux et les patriciens texans qui, à l'instar des Bush, ont fait fortune dans le secteur, d'autre part...
A travers le personnage de Jay Porter, petit avocat noir tentant de faire son "trou" et de faire vivre son couple après un séjour de plusieurs années en prison en tant qu'activiste, la ville de Houston en 1981, son port, ses complexes pétrochimiques, ses dockers syndiqués essayant de résister aux pressions (comme un clin d'oeil à la deuxième saison de "The Wire"), son boom immobilier et sa maire, ancienne compagne de lutte de Jay, opportuniste en diable, dont on ne sait vraiment si, à l'époque des revendications musclées, elle a trahi ou non, tout ce décor assez rarement peint prend des couleurs singulières, à la fois attachantes et désespérantes.
Peut-être moins acéré que le très bon "Les péchés de nos pères" de Lewis Shiner, en ce qui concerne la mémoire et les traces contemporaines des luttes émancipatrices des Afro-Américains, "Marée noire", dans un cadre inhabituel, nous propose un fort bon moment de lecture.