Dans tous les sens
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… avoir une Laure Gale et un Martin Rougeole dans mon ancien collège : Marie Typhoïde est le surnom de Mary Mallon, une cuisinière responsable de l’infection de plusieurs dizaines de personnes par la fièvre typhoïde sur la côte est des États-Unis au début du XXe siècle. Elle est considérée comme le premier porteur sain de la maladie à avoir été identifié. Et comme il paraît qu’une maladie infectieuse fait son petit bonhomme de chemin en 2020, les éditions Allia ont republié l’article consacré à « la curieuse carrière de Marie Typhoïde » (c’est la traduction du titre original) par George Soper, un médecin qui a enquêté sur ladite porteuse saine.
Les mêmes éditions ont de même republié les Leçons d’une pandémie, article du même auteur sur la grippe espagnole de 1918-1919. Il n’y avait déjà pas grand-chose à dire du texte lui-même, c’est encore plus net pour Marie Typhoïde : une fois qu’on a dit que le docteur Soper fait rapidement le point sur ses rapports avec Marie Mallon depuis 1907 et qu’il se donne le beau rôle sans avoir l’air d’y toucher, on a à peu près tout dit. Le reste – quelques dates, quelques noms, quelques lieux –, en l’occurrence, relève de l’accessoire.
Ce qui manque à Marie Typhoïde, me semble-t-il, c’est une préface – ou postface – qui contextualise un minimum toute cette affaire. Parce que si le texte en lui-même ne présente évidemment pas la moindre portée littéraire, il constitue en revanche un document. Dans un sens, le cas – aux sens médical, judiciaire, voire médiatique – de Mary Mallon amène bien des commentaires : sur l’appropriation d’un patient par un médecin qui n’en paraît même pas conscient, sur le lien de la maladie avec les obsessions états-uniennes de l’hygiène et de la faute, sur l’incroyable violence de la quarantaine et de l’enfermement, etc.
J’oublie sans aucun doute d’autres aspects de l’affaire : n’étant spécialiste d’aucun des domaines auxquels elle touche, je serais bien en peine d’en faire une étude satisfaisante. Dans la mesure où George Soper n’était pas non plus le mieux placé pour mener cette tâche à bien, il eût été intéressant qu’un autre s’en chargeât.
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le 29 oct. 2020
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