Dans un jeu de quilles
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le 1 avr. 2017
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Richard et Dan sont deux amis inséparables, de ceux dont les liens se sont tissés et renforcés à travers les épreuves communes. Et les épreuves sont de taille puisque les deux hommes sont des vétérans. Revenus de la guerre irrémédiablement abîmés. Si Dan essaie de retrouver un semblant de normalité grâce à une vie parfaitement réglée, cela est plus dur pour Richard qui sort d’ailleurs de trois mois de détention pour excès de vitesse. Il retrouve sa femme, Nath, et sa fille, Mona, mais le dialogue semble compliqué au sein de la famille. Et pour ajouter à la complexité des relations, voilà que Marlène débarque. Marlène est la sœur de Nath et personne ne l’a vue depuis de nombreuses années. Cette arrivée va provoquer un déséquilibre dans la relation qui s’était installée entre Dan, Richard, Nath et Mona. Au point de provoquer un drame ?
Disons-le tout de suite, ce livre n’est pas mon préféré de Philippe Djian. Je l’ai trouvé parfois un peu difficile à suivre. L’auteur construit des dialogues sans tirets ni guillemets et on a du mal à savoir quel protagoniste prend la parole. Il faut alors faire une véritable gymnastique intellectuelle pour s’y retrouver. Par ailleurs, il y a très souvent des passages d’un personnage à un autre sans qu’une réelle transition soit marquée et j’ai trouvé parfois difficile de me repérer temporellement. Si au début cela interpelle, à l’usage cela fait finalement perdre la concentration. J’ai ainsi eu l’impression que Djian privilégiait l’exercice de style à la profondeur de l’histoire.
Mis à part ces bémols, qui sont quand même d’importance, les personnages de Dan et Richard sont extrêmement bien campés, nous faisant toucher du doigt toute la difficulté pour des hommes qui ont été confrontés à une violence extrême à retrouver une vie normale et une vie de famille apaisée. Les fantômes ne sont jamais loin qui peuplent leurs rêves et les font de réveiller en hurlant. Les personnages féminins, à part Marlène, sont peut-être un peu moins réussis. Nath, empêtrée dans une relation extra-conjugale n’est pas spécialement sympathique et surtout je n’ai pas compris pour quelle raison elle semblait en vouloir autant à sa sœur. Quant à la jeune Mona, totalement perdue au milieu de ces adultes eux-mêmes paumés, son sort semble assez vite scellé.
Bref, si j’aime habituellement Philippe Djian pour ce style qui me fait toujours penser aux auteurs américains que j’apprécie comme Richard Ford, ce roman me semble moins abouti que d’autres qui me restent en mémoire comme Incidences, Echine ou Sotos.
Créée
le 10 avr. 2021
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