Ouvrage doublement de circonstance : Bernard Maris, abattu il y a six jours dans les locaux de Charlie Hebdo ainsi que Marx qui est cette année au programme de l'agrégation de philosophie. Ce petit opuscule, qui se présente sous forme de regroupements d'aphorismes en chapitres, s'avère très plaisant à lire, souvent drôle avec ses références multiples et les commentaires francs de l'auteur les accompagnant. L'analyse et la connaissance du parcours de Marx et de ses multiples influences sont présentes et intéressantes, notamment le chapitre sur Jean-Baptiste Say et celui sur l'argent.
"L'argent porte toute l'activité matérielle de l'homme , désormais extérieure à lui et qui l'écrase. Il a déréalisé l'homme, l'a transformé en objet des objets. Il pèse le poids des objets sous lesquels l'homme est enfoui. L'accumulation des objets, cette fausse abondance dérisoire exhibée dans les supermarchés ou au pied des sapins de Noël, n'est autre que l'immense accumulation des déchets qui enfouissent l'homme."
D'autant plus frappant qu'il finit par un "Requiem pour le socialisme" et une citation de Jean Jaurès : "Avoir le courage d'aimer la vie, et regarder la mort en face" ce à quoi l'auteur répond que "ni la mort ni le soleil ne peuvent se regarder en face"...
Oui, le moins que l'on puisse dire c'est que c'est troublant.