Après la période des Conflits, des années de guerre opposant des bandes armées, l’Europe s’est recomposée autour de villes libres regroupées dans une Fédération. A Sargonne, Pavel Adenito Khan, ancien chef de guerre surnommé « Le Diable », s’est installé dans l’espoir de sauver la civilisation, menacé aussi bien culturellement que physiquement, une grande partie de la population étant devenue stérile dans un monde ou l’héritage culturel et scientifique d’avant les Conflits a été délaissé car considéré comme responsable de la situation. Pour cela, il rassemble une immense bibliothèque et engage un jeune conservateur, Léo Kargo, chargé de compléter les fonds. Mais lorsque l’assistante de Khan et amante de Kargo est retrouvée morte dans l’appartement de celui-ci, la situation se tend et le passé ressurgit.
Mnémos n’a pas fini de nous surprendre. A la fin d’une année marquée par la fantasy ou les épopées surgit Mausolées, fresque politique et intimiste du futur proche. Sous une couverture plutôt sobre aux faux airs de Bilal se cache un récit maniant autant de personnages que de thèmes : Kargo, qui se pose des questions sur son ascendance, Khan et sa relation ambiguë avec le pouvoir, Lilith, consumée par la haine ou le Docteur Vast et ses tentations de démiurge. A côté d’une intrigue déroulée linéairement et une trame principale facile à suivre, ces multiples sujets se croisent, évoluant chacun sans alourdir le roman, aidé par un style clair et précis. On pourra regretter quelques fioritures dispensables, tel l’écrivain s’adressant au lecteur, mais qui ne nuisent que peu à la lecture.
Planté dans un décor (malheureusement) réaliste, Mausolées est un livre d’une grande finesse sur un devenir possible de notre monde. Une réussite.