Critique de Meilleur ami, meilleur ennemi par Zéro Janvier
C'est un roman Young Adult, mais il y a presque une touche thriller qui m'a bien plu. C'est en tout cas un roman très réussi et passionnant à lire.
Par
le 5 mai 2018
Jamres kirkwood : Meilleur ami, meilleur ennemi. 1968.
Un jeune homme, Peter Kilburn, élève dans un collège est emprisonné, il a tué le directeur de son lycée et écrit à son avocat qui lui a demandé de consigner par écrit le déroulement des faits une longue lettre afin de lui expliquer son geste.
Peter Kilburn est un adolescent dont la mère est morte et dont le père, star du cinéma muet, éprouvé par la crise de 1929, vit désormais d'expédients. Quand il arrive dans un pensionnat dans le New Hampshire, le directeur, M.Hoyt protestant puritain, prend aussitôt en haine cet adolescent californien au père "catholique et divorcé", pour lui symbole de la "décadence de Hollywood" et dont la scolarité est payée par un ami de son père…
Peter choisit comme meilleur ami « Jordan Legier », un nouvel arrivant en cours d’année ; une amitié et une complicité grandissantes que M.Hoyt semble à tout prix vouloir briser…
De belles pages, drôles et troublantes parfois, sur l’amitié entre ces deux ados, sur la perversité d’un homme, dont la religion prêche l’amour, mais qui pratique sans aucune gêne la haine et la violence. Une amitié et une complicité « suspectes » aux yeux de cet homme qui, au fil des pages, devient de plus en plus en plus malsain et répugnant.
Ici le directeur dérangé développe une fixation homoérotique sur le narrateur, Peter. Son ami Jordan est la voix de la sagesse du roman : il dit à Peter que ce qui rend l'attirance du directeur si dangereuse est le fait qu'il ne peut pas la reconnaître.
Le roman est imprégné d'homoérotisme, mais l'homosexualité est désavouée nerveusement par (et de manière peu convaincante) par le narrateur :
"Les gars qui n'ont pas de problème, s'ils entrent en contact avec quelque chose d'homosexuel, ils peuvent simplement ignorer", explique Jordan.
Jordan appelle Peter « bébé », comme dans le passage suivant :
« Bébé, nous sommes tous des animaux ! Des animaux, c'est ce que nous sommes. C'est étonnant que nous ne courions pas tous nus, en nous reniflant et en faisant pipi partout !".
Les deux garçons vont à un opéra et s'assoient dans le public en se tenant la main, les larmes coulant sur le visage du narrateur : « Nous nous sommes jetés dans les bras l'un autour de l'autre et nous nous sommes embrassés.
Il y là sans doute des thèmes en résonance avec une partie de la personnalité de l’auteur James Kirkwood, avec son homosexualité qu’il voulait à tout prix cacher, en résonance également avec l’hypocrisie de l’époque
N'oublions pas qu’Il a fallu attendre la fin des années 1970, pour que des écrivains ouvertement homosexuels comme « Edmund White » , « Andrew Holleran » et » Larry Kramer » publient des romans ouvertement « gay »et du coup ce roman de James Kirkwood de 1968, un an avant le émeutes de « Stonewall » se comprends mieux car il reste le produit de son époque, et sous cet angle là il possède aussi un intérêt historique…
De plus, l’auteur maîtrise aussi bien la psychologie de ses personnages que la description de la vie des ados dans les collèges, où la violence psychologique grandissante des situations…une violence qui trouvera son apogée dans la dernière partie du roman avec une poursuite hallucinante et la mort de ‘Franklin Hoyt’…une mort connue dès les premières lignes ! Ce qui montre encore une fois qu’u lorsqu’une œuvre est bien maitrisée connaître la fin ne change rien au plaisir de la lecture.
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Créée
le 20 juin 2024
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