Judith Gautier est une écrivaine peu connue à la biographie assez fascinante. Elle fut notamment la première femme à rejoindre l'Académie Goncourt en 1910. Belle à couper le souffle, talentueuse et recherchée, elle est née sous l'étoile des héroïnes et des poétesses. Rien d'étonnant alors que sa plume invite aux voyages, à l'aventure, à l'extravagance et au dépaysement.
Avec "Mémoires d'un éléphant blanc", nous plongeons dans un roman anthropomorphiste plus mouvementé que les "Mémoires d'un âne" de la comtesse de Ségur. D'ailleurs, les deux auteures n'ont pas grand chose en commun si ce n'est leur talent ; leur style diffère, tout comme leur pédagogie.
"Les anciens racontent que les éléphants ont écrit des sentences en grec et que l'un d'eux, même, a parlé. Il n'y a donc rien d'invraisemblable à ce que l'éléphant blanc dont il s'agit ici, le fameux Iravata, si célèbre dans toute l'Asie, ait pu écrire ses mémoires." Avec un tel avant-propos, on comprend d'emblée qu'on ne va pas s'ennuyer et, en effet, suivre les aventures d'Iravata, roi hindou réincarné en éléphant albinos, est un régal picaresque. D'éléphant sacré à éléphant de cirque, d'éléphant de combat à éléphant docker, d'éléphant d'agrément à éléphant domestique, tous les aspects de la vie d'Iravata défile dans une succession de chapitres courts au rythme enlevé. C'est à la fois amusant, intriguant et instructif ; c'est un conte coloré et parfumé pour petits et grands qui n'est pas sans rappeler certains contes De Rudyard Kipling.
Un vrai beau moment de littérature poétique, plein de sens et d'évasion.