Je sors malheureusement déçue de la lecture de cette biographie à la couverture trompeuse. En effet, à voir cette photographie ancienne montrant un couple de paysans bretons, un bébé sur les genoux, j'avais pressenti un récit axé sur la ruralité en Bretagne au XIXème siècle et étant peu adepte de la littérature régionale et des chroniques paysannes, j'attendais beaucoup de cette lecture, comme un défi ou une tentative de réconciliation avec le genre.
Hélas, s'il est bien question de Bretagne et très brièvement de la vie à la ferme, les "Mémoires d'un paysan bas-breton" relatent surtout la vie militaire de Jean-Marie Déguignet et les nombreuses campagnes auxquelles il a pris part quand, être pauvre et sans instruction, il s'engagea volontairement pour la guerre de Crimée avec l'espoir d'apprendre tout ce qui pourrait constituer de près ou de loin un savoir.
Ma déception digérée, je me suis quand même intéressée à son récit autobiographique car il est fluide et vraiment instructif, si l'on ferme les yeux sur quelques approximations comme dater la construction de la tour de Pise non pas au XIIème siècle mais sous l'empire romain. Guerre de Crimée et guerre de l'indépendance italienne sont vécues de l'intérieur à travers l'expérience d'un simple soldat puis d'un caporal.
Pour le lecteur actuel, l'émotion vient principalement de la quête de savoir chevillée au corps du narrateur, touchant d'humilité malgré ses progrès, et de la description des scènes de la vie quotidienne.