« Si je recule, tuez-moi. Si j'avance, suivez-moi. Si je meurs, vengez-moi ! »

La marquise de La Rochejaquelein est claire dès le début du livre (et elle le répète d'ailleurs plusieurs fois) : l'objectif de ces mémoires n'est pas d'écrire une histoire de la Vendée, mais simplement de raconter ce qu'elle a vu ou vécu. Épouse de M. de Lescure, général en chef des armées vendéennes, elle a suivi de près les troupes royalistes tout en étant au cœur des décisions militaires prises par leurs généraux. Et même si elle n'a évidemment pas pris part aux combats, elle les raconte avec beaucoup de vie et de précision.

Ces mémoires sont écrits avec une grande simplicité et n'ont même pas été relus par la marquise... La simplicité de l'écriture contraste avec la grandeur des actes souvent héroïques qui sont décrits. J'ai eu l'impression d'être dans un roman historique avec des personnages idéalisés, sauf qu'ici, tout est vrai ! Les héros sont jeunes, nobles (de famille et de cœur) et pieux, ils se battent aux premières lignes et meurent dans des conditions épiques. Le récit est très passionné et personnel, on sent toute l'énergie et les émotions qui ont pu animer la marquise pendant ces années. L'auteur n'hésite pas non plus à donner son avis et à décrire le caractère des personnages, ce qui m'a particulièrement plu.

J'ai aimé sentir l'attachement de la marquise à sa terre et au territoire vendéen. On est plongé dans la géographie vendéenne, celle des grandes villes (Nantes, Saumur, Angers...) et celle des villages et des paroisses : Les Herbiers, Machecoul (pensée pour le sergent-chef Chaudard), Saint-Aubin-de-Baubigné... La lecture est aussi instructive sur le plan historique. J'ai appris de nombreuses choses, comme le fait que le nom de Vendée n'est apparu qu'après le soulèvement contre-révolutionnaire, ou que les troupes vendéennes se dispersaient spontanément après les combats (chacun retournant chez soi).

Tout le livre est habité par l'intention de la marquise de ne rapporter que l'exacte vérité. Elle précise souvent la source de ses anecdotes et ne rapporte que ce dont elle est sûre. L'édition critique d'Alain Gérard est également très bien faite, puisqu'elle met en parallèle des commentaires écrits par des révolutionnaires. Ils permettent d'ailleurs d'accorder foi au récit de la marquise, puisque très peu de faits sont contestés (seulement certaines intentions).

Ce qui frappe enfin, c'est la mémoire hallucinante de l'auteur, puisqu'elle est capable plusieurs années après les évènements racontés de donner une quantité étonnante de détails.