Trierweiler, Rousseau, même combat (ou presque)

Vous ai-je déjà parlé du bon vieux Jean Jacques Rousseau, de ses Confessions et de la haine qu'il m'a inspiré au lycée ? Oh certainement dans deux, trois critiques... ou vingt. Ou cent. Bref, je l'ai détesté. Le personnage. A chaque page de son horrible bouquin, je le trouvais affreux, con, égocentrique, pédant, prétentieux, imbuvable (oui, c'est beaucoup de synonymes mais j'avais besoin de beaucoup de mots). Je ne pouvais m'empêcher de commenter chaque phrase qu'il pouvait bien écrire en disant "Non mais c'est n'importe quoi, il se prend pour qui"...

Et bien, le bouquin de Valoche, c'est pareil, mais au moins, Jean Jacques avait du style dans l'écriture, du vocabulaire et une histoire un peu plus intéressante à raconter. Donc, en fait, c'est pas du tout pareil. Mais un peu quand même.

Alors, reprécisions tout d'abord le contexte. Je n'ai pas acheté le bouquin. Je ne l'ai pas téléchargé non plus. Je ne veux pas risquer la prison à vie pour un torchon pareil. Je l'ai emprunté à quelqu'un, qui l'a acheté. Oui, j'ai quelqu'un dans mon entourage qui l'a acheté. Ca me fait de la peine aussi mais que voulez-vous, il faut bien s'entourer de gueux de temps en temps, n'est-ce pas François ? Vous noterez que comme pour Closer, tout le monde lit mais personne n'achète.

Donc, dans ces 300 pages, ... Oui 300. Mais Valoche a un peu triché. C'est écrit gros et les marges sont énormes. J'imagine que c'est pour laisser aux journalistes la place d'anoter. Donc, pendant 300 pages, Valoche nous raconte qu'elle vient de la té-ci d'Angers, qu'elle est humble et peu fortunée, qu'elle a une famille de gueux mais pour qui l'amour compte plus que tout, et qu'elle est tombé follement amoureuse d'un prince (elle a jamais dit "beau prince" parce qu'on a tous déjà vu Hollande et que faut pas pousser mémé dans les orties... déjà à 20 ans, il était pas... bref.). Il n'était alors rien à l'époque et elle ne savait qu'il deviendrait qui il est devenu. Sinon, c'est un énarque, entré en politique rapidement, dont la femme était au gouvernement, qui est haut placé dans le parti et qui envisage de se présenter à la présidentielle (parce qu'on est en 2005, pas en 1970...) - mais JAMAIS, JA-MAIS, elle n'aurait pu deviner qu'il voudrait être plus qu'un conseiller général de Corrèze. Bref, deux jeunes amoureux qui oublient tout pour quelques Jeudi de passion à Tulle. Bien ouéj François. Pécho à Tulle, c'est pas facile.

Mais hélas!, son amoureux veut devenir Président et la voie royale s'ouvre à lui (pas de jeu de mot ici). Petit à petit, elle est mise de côté, pas écoutée, reléguée à faire la potiche... Ca la pèse et elle fait des erreurs, mais tout ça, c'est par amour. Mais François ne le voit pas, François s'en fout et François s'éloigne. Jusqu'au jour où. Bref, on s'en tape.

Mais Valoche, elle veut pas qu'on s'en tape. Elle pleure, geint et gémis pendant 300 pages nous expliquant qu'elle est une bonne personne, qu'elle est très attachée à sa famille, qu'elle aime prendre soin des enfants orphelins et mutilés et que l'infidélité, c'est mal. Bon, au début, elle était mariée, lui était en couple avec des enfants, mais c'était pas pareil parce qu'ils s'aimaient. Julie Gayet, elle, elle est méchante. En plus, elle est riche. Et en plus, elle a dit des mensonge à la femme de son amant et ça, venant de la maitresse, c'est tellement pas prévisible... Donc, François et Valérie, c'est pas de l'infidélité. François et Julie, oui. Et sinon, Valoche, elle est tellement plus intelligente que tout le monde. Oui, parce que bon, niveau com', elle a fait de la grosse boulette mais c'est JAMAIS sa faute. Elle a tweeté à cause de François, parce qu'il lui a menti. Elle n'est pas responsable. Oh, et si elle était pas aimée, c'est parce qu'elle avait l'air de faire la gueule tout le temps mais c'est juste la timidité et parce que François lui avait dit pas dit qu'elle était belle ce jour-là. Oui, elle est éduquée et a 50 piges, mais elle n'aurait jamais imaginé que son tweet serait lu, relayé et commenté... Elle voulait s'excuser mais François a pas voulu. Et vous savez, elle prend la cause des femmes très au sérieux mais quand son copain lui dit de la boucler, elle la boucle.

Donc, elle a dit à François de faire çi, de pas faire ça, de pas prendre machin au gouvernement et qu'untel était très compétent. Mais il ne l'a jamais écoutée et c'est pour ça qu'il est pas aimé et que sa présidence échoue. Mais attention, elle n'a jamais eu l'intention de s'immiscer dans les affaires de l'Etat. Bon, elle boude parce qu'elle n'est pas conviée aux réunions mais sinon, elle reste en retrait volontairement. Parce qu'elle est humble, à l'aise financièrement mais elle sait ce que c'est de pas avoir d'argent et elle connait le prix du litre de lait au Franprix des Champs-Elysées, elle. Donc, il faut qu'elle continue de travailler parce qu'elle a trois enfants à nourrir et à instruire. Oui, leur père est toujours en vie et est présent mais elle assume tout, toute seule. Quelle femme. Et puis, vous savez, elle est en colère mais pas aveuglée. Aux gens qui lui disent qu'ils n'iront pas voter Hollande après ce qu'il lui a fait, elle leur répond que c'est gentil, mais il faut voter, parce que c'est important.

Pour en revenir à Jean-Jacques, il a au moins eu le mérite de dire en préambule qu'il était pas toujours très objectif et qu'il avait peut-être éventuellement par moment romancé sa vie (nan ? sans déc ?). Valérie, elle, nous dit que tout est vrai. Qu'elle ne peut pas avoir mal compris, mal interprété, fait preuve d'un peu de mauvaise foi... Donc, c'est un témoignage, sur un fait divers ayant fait un peu parlé. Honnêtement, en une double page dans Paris Match, elle aurait fait le tour de la question. En 300 pages, c'est lourdingue. En plus, ça n'a aucun intérêt littérairement parlant.

P.S. : il y a vraiment des gens qui ont que ça à faire d'envoyer des lettres, des fleurs et des chocolats à une femme qu'ils ne connaissent pas ?
P.P.S : politiques et journalistes, arrêtez de croire que trois conversations sur un marché représentent l'avis national
P.P.P.S : j'ai critiqué Valoche mais je suis restée vague sur Hollande parce que je garde mes opinions politiques pour moi. Ca ne veut pas dire que je le soutiens dans cette histoire.
P.P.P.P.S : sérieux les meufs, un mec qui a été infidèle une fois sera toujours un mec pas très droit... arrêtez de croire que c'est l'amour qui l'a guidé. C'est un mec. On sait ce qui le guide... (et on a vu des photos de Julie...)
AliceRiddle
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le 8 oct. 2014

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AliceRiddle

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