La thèse de l’ouvrage est salvatrice, car elle invite chacun à se poser les bonnes questions, au premier rang desquelles : l’économie peut-elle être une science ? Jorion, en détaillant les zones d’ombres de l’économie que la « science » économique ignore sciemment, les erreurs méthodologiques qui la fondent et les mythes sur lesquels elle repose, apporte une réponse qui, pour sa part, est sans appel. Grâce à un retour critique fructueux sur les philosophes antiques (Platon, Aristote), Proudhon et les Saint-Simoniens, Marx et les pères de l’économie classique (Smith et Ricardo), il parvient à emporter l’adhésion du lecteur.

Face aux thuriféraires du TINA thatchérien (« there is no alternative » avait clamé la Dame de Fer), Jorion invoque la nécessité d’une remise en cause profonde de notre réflexion commune. Il en appelle à un G193 et à une « Constitution pour l’économie ». À la fin de son essai, Jorion relève les manches pour proposer quelques réformes économiques, sur un mode didactique, qui paraissent essentielles à ses yeux afin d’enrayer ce qu’il considère, in fine, comme une crise civilisationnelle (...)

Le cœur de la solution semblant être, à y regarder de près, une refonte profonde de notre pensée afin d’appréhender la complexité de nos sociétés, ce qui fait d’ailleurs écho, selon nous, à la « pensée complexe » d’Edgar Morin. Nous ne sommes qu’au début du chemin, et le lecteur pourra regretter, de ce point de vue, que Jorion n’aille pas encore un cran plus loin dans le développement des pistes alternatives de réflexion et d’action qu’il met en avant.

Toutefois – car il est fondateur, décisif et percutant – cet ouvrage au croisement du traité politique, de l’essai économique et de la théorie sociologique est à lire d’urgence.
EleuthereJ
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le 5 mars 2013

Modifiée

le 10 mars 2013

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