L'été est là, bien installé, chaud et orageux, un été comme on n'en a pas eu depuis longtemps et après lequel on soupirait - même si on se plaint continuellement de la chaleur sur le refrain "Y a plus de saison ma bonne dame !". Avec ce bel été, revoici les incontournables envies de lectures légères et sucrées, alors quand l'éditeur Nil m'a envoyé "Miss you", le premier roman d'une certaine Kate Eberlen, je n'ai pas hésité longtemps avant de m'y plonger.


Avant tout, voyons un peu ce qui me fait habituellement fuir dans une romance :
- un incipit du genre "Aujourd’hui est le premier jour du reste de ta vie."
- une couverture tarte avec un gros cœur et deux personnages qui se tournent le dos
- un récit qui aborde tous les sujets tendance du genre : deuil, cancer, syndrôme d'Asperger, etc.
- les ficelles éculées dudit genre : première soirée à l'opéra, drague à coup de poésie, héroïne férue d'art et de littérature, pas très à l'aise dans son milieu d'origine, héros père malgré lui, infidèle malgré lui, paumé malgré lui...


"Miss you" réunit tout ça, y compris l'incipit tant redouté. Et pourtant... ça marche. J'ai vraiment beaucoup apprécié ma lecture, j'ai eu du mal à la lâcher et je crois me souvenir que je n'avais pas autant apprécié une romance depuis "Avant toi" de Jojo Moyes et ça remonte déjà à quelques années. "Miss you" n'est pas à proprement parler un coup de cœur mais définitivement une belle lecture estivale.


Qu'est-ce qui fait nous fait aimer une romance ?
Certainement quand le récit nous interpelle et nous émeut, quand on d'identifie à un ou plusieurs de ses personnages, quand on y trouve les décors qui nous sont chers par dessus tout, quand on ressent intimement les sentiments des protagonistes pour les avoir déjà vécus... Alors forcément c'est totalement subjectif, mais en ce qui me concerne, le fait qu'une partie de l'histoire se déroule à Florence, une ville que j'adore et où j'ai vécu des moments forts, m'a vraiment permis de m'évader de mon quotidien. C'est bien ce qu'on demande à un roman, non ?


Ainsi, bien que présentant tous les signes extérieurs de la romance la plus mièvre qu'une plage puisse accueillir sur son sable, "Miss you" n'est en réalité pas du tout une romance, c'est même un récit assez sombre par bien des aspects. Simplement, c'est un beau roman, bien écrit et très humain, qui donne vie entre ses pages à des hommes et des femmes qui s'aiment, ne s'aiment plus, s'aiment à nouveau, et déploient la palette classique mais terriblement naturelle des relations sentimentales. Une fois de plus donc, ne pas se fier aux apparences.


L'auteur - pas une minette mais une femme mature - semble vouloir illustrer qu'un couple, ce ne sont pas seulement deux solitudes qui se sont trouvées et qui acceptent de vivre ensemble pour se rassurer, mais bien deux personnalités ayant les mêmes aspirations, les mêmes ressentis et désireuses de construire ensemble des projets, grands ou insignifiants. Je trouve qu'elle y réussit très bien, avec sensibilité et doigté. Les deux protagonistes, Gus et Tess, vont se croiser pendant presque vingt ans sans jamais se rencontrer. Et Kate Eberlen joue subtilement au chat et à la souris avec son lecteur, feignant de lui faire deviner quelle circonstance pourrait bien les rapprocher ou les éloigner. Gus et Tess sont deux personnes plutôt banales que rien ne distingue vraiment mais comme presque toujours, derrière la banalité des existences, se cachent des talents, des dons et des comportements qui fragilisent ou rendent fort.


"Miss you", aux accents Nichollsiens assumés - la mièvrerie en moins -, m'a ainsi réconciliée avec le genre, d'autant qu'il m'a épargné le très gros défaut que j'attribue à "Un jour", à savoir 300 pages de trop !

Gwen21
9

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le 19 juil. 2017

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