J'ai été abonnée longtemps à Charlie Hebdo, de 1995 à 2008, avec des interruptions où je l'achetais au numéro. J'ai beaucoup lu Cavanna : ses romans, ses chroniques, ses papiers divers et variés. C'est même le seul auteur pour qui j'ai eu la patience de lanterner 1h pour une dédicace du vieux poche des Ritals, lu par ma mère (plusieurs fois !) et moi. J'ai adoré Cabu, rencontré alors que j'étais enfant, dans les coulisses de Récré A2 (il m'a même fait un dessin parce que je m'ennuyais !). Ca, c'est du côté du sentiment, de ceux que j'avais. Et puis, Charlie Hebdo c'était "bête et méchant"... enfin, je croyais... mais je n'ai jamais lu Hara-Kiri, alors j'ai des excuses !
Quand Val s'est mis à faire les éditos, j'ai arrêté de les lire, tout simplement. Mon rituel : direct à la pige de Cavanna, puis un peu de ci et de ça.
Et il y a eu le licenciement abusif de Siné. Alors j'ai définitivement arrêté d'acheter Charlie Hebdo. J'ai suivi, été abonné à Siné hebdo, puis à Siné mensuel (encore et toujours !). J'ai compris ce que c'était le "bête et méchant" pas partisan ou vendu. Je n'ai pas compris l'enlisement de Cavanna, jusqu'à sa mort, dans Charlie hebdo.
Voilà où j'en étais avant de lire Mohicans. Aujourd'hui, je suis encore plus triste et en colère ! Cavanna s'est fait rouler dans la farine à en devenir blanc comme un comédien de théâtre No. Choron est présenté dans tout son manque de nuances : tellement grand et petit, selon les angles. Quant à Cabu... quelle déception ! Ok, faut pas dire du mal des morts, mais : naïveté + lâcheté + manque de reconnaissance + aveuglement... ça fait lourd dans le plateau de la balance face à bonhomie + talent.
En ce qui concerne Val, je n'apprends pas grand chose qui ne transparaissait dans ses écrits ou ce que j'ai pu l'entendre dire. Il a fait du mal aux deux "institutions" que je préférais : Charlie hebdo et France Inter ! Je découvre quand même ses magouilles pour palper un max au détriment du magazine : "il ira loin, ce petit !"
Bref, je sens un goût amer et salé, celui des larmes de tristesse et rage. Le livre de Denis Robert est bien fait, bien étayé, et donne envie de lire plein de livres, de voir plein de films. On en sort avec une dent aiguisée contre les mesquins, prête à mordre. Le combat continue, et comme disait Siné : "Banzai !!"