Nouveauté 2021, "Moi Themba" est un bon roman pour initier les jeunes au contexte historique de l'Apartheid, en Afrique du Sud des années 50-70.


Nous suivons Themba, entre ses 12 et 17 ans, de 1972 à 1976, ainsi qu'un prologue et épilogue de l'an 1995. Cette jeune fille sud-africaine vit avec sa famille dans le Soweto , un des quartiers strictement réservé aux Noirs,dans la capitale du pays . Ces derniers sont soumis à un ensemble de Lois discriminantes qui les placent en sous-citoyens par rapports au Blancs, et ont donc plusieurs contraintes à respecter. Themba va tranquillement prendre conscience de cette réalité singulière qu'est la leur et va progressivement devenir activiste et contestataire, tout comme une bonne part des étudiants Noirs de sa génération, de plus en plus en colère. C'est également à cette époque qu'arrive Nelson Mandela, figure proue du combat contre la ségrégation raciale en Afrique du Sud. On verra Themba prendre part à un Club de Lecture clandestin où des lectures politiques et sociales sont souvent de mise, tout en suivant sa vie de tout les jours. Avec ses amis Keagan et Charlène ( un peu plus tard), ainsi que son cher frère Waldo à ses côtés, Themba sait que désormais , le statu quo ne saurait être davantage toléré.


Un roman intéressant, qui nous amène dans un pays trop peu connu, mais sur un thème quand à lui très connu, surtout avec le ségrégationnisme états-unien qui a fait parallèle historiquement pour nous, les nord-américains. C'est donc un plaisir de voir un roman jeunesse s'attarder sur ce versant du monde qui a subit l'oppression raciale qu'on connait de nom, mais qui a peut d'oeuvres pour s'y relayer ( en jeunesse).


Nous naviguons sur cinq ans de la vie de Themba, de sa quasi méconnaissance de l'enjeu racial jusqu'à son positionnement ferme contre cette injustice. On verra donc le processus par lequel elle passe d'ignorante et passive à concernée et active. Elle a également de multiples rencontres avec plusieurs acteurs divers qui aideront à affirmer sa prise de position. On voit un groupe entier de personnes, surtout les étudiants, mener une guerre "undergound" par le biais de l'éducation. Cette lutte va aussi s'étendre hors du pays.


Cela dit, pour un roman sur un sujet aussi épineux, il demeure à mon sens assez léger. Si on nous apprend quelques éléments plutôt terribles, comme cet homme qui a été torturé parce que c'était un Noir fréquentant une Blanche, et le degré d'injustice policière qui sévit dans les quartiers Noirs, reste que ce n'est pas à un degré de violence choquant. Nous avons ici un roman jeunesse, rappelons-le.


J'ai beaucoup aimé le choix de suivre une étudiante, d'une part parce que nous sommes dans la littérature jeunesse, mais d'autre part parce qu'il est bon de rappeler que parfois, c,est la Jeunesse qui prend les choses en mains. Elle est souvent bien placée pour parler d'avenir, étant la première concernée, et elle a souvent moins de craintes à bousculer les conventions si elle les jugent obsolètes ou injustes. On sous-estime trop souvent le courage et la débrouillardise de nos jeunes, alors c'est toujours plaisant de les voir à l'oeuvres. Aussi, j'aime cette idée que l'éducation est la meilleure des armes, avec pour munitions les livres et la radio.


Un élément m'aura quelque peu dérangé et c'est le traitement du personnage de Charlène, qui sera présente à peine quelques pages, alors que vous la trouverez sur la couverture. C'est un des seuls personnages "Blancs" et c'est aussi une activiste. Néanmoins, on la sortira du cadre assez vite, parce qu'elle aura tu un élément la concernant et Thelma va prendre sa discrétion pour une trahison. Ce qui m'embête, c'est que jamais Charlène n'aura pu s'expliquer, alors que c'est la seule représentante des Blancs qui ont lutter avec les Noirs, à l'instar des hommes qui ont lutter avec les femmes lors de la montée féministe. J'aurais aimé avoir plus de ce personnage, qui a été finalement traitée comme une paria. Elle représentait quelque chose de fort, je trouve dommage qu,elle ait été oblitérée de cette manière et restreinte à un vulgaire personnage traitre. À quoi bon l'avoir mise alors? Et surtout sur la couverture, comme un personnage important...


Donc, au final, c'est un bon roman, pas non plus super addictif, mais qui peu constituer un bon premier livre sur le sujet pour les ados. On reste dans quelque chose d'accessible, sans tomber dans la violence brute. Les chapitres sont relativement courts, la mise en page relativement aérée. On retrouvera une partie très culturelle de l'Afrique du Sud. Un avant-propos de l'autrice nous donne une bonne idée du contexte social du pays en présence, ainsi que les motivations qui l'ont conduite à écrire ce roman.


À voir.


Pour un lectorat du premier cycle secondaire, 13 ans et plus.

Shaynning

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