Adolescence et incommunicabilité
Eu égard à la sophistication narrative de ses précédents livres, Comme Dieu le Veut et La fête du siècle, Moi et toi peut être considéré comme un "petit" roman de Niccolo Ammaniti et pas seulement...
le 13 avr. 2017
Les thèmes, le personnage principal, la narration à la première personne mais aussi l’intrigue – quelques jours d’un adolescent bourgeois livré à lui-même – peuvent faire songer à l’Attrape-cœurs, mais Lorenzo n’est pas Holden Caulfield et Niccolò Ammaniti n’est pas Salinger.
Plus proche du roman pour adolescents que du récit d’adolescence proprement dit, Moi et toi manque de consistance, notamment parce que ses deux thèmes principaux ne s’imbriquent jamais vraiment : l’évocation du malaise de Lorenzo reste cantonnée à la première moitié du récit, la seconde étant consacrée à sa découverte de l’autre – en l’occurrence sa demi-sœur Olivia –, sans que rien ne vienne véritablement lier les deux, ni marquer une évolution.
Du reste, une règle tacite de la nouvelle, applicable à ce roman bref qu’est Moi et toi, veut que l’auteur n’ait pas le droit d’en gaspiller la moindre ligne. Ici, compte tenu de la quantité de dialogues semblant pour la plupart destinés à faire comprendre ce que le lecteur sait déjà – oui, Lorenzo a du mal à communiquer et re-oui, c’est Olivia qui l’ouvre au monde –, il est inévitable que le roman manque aussi de tonus, en particulier par rapport à ce que l’auteur a précédemment écrit. C’est tout juste si l’on trouve çà et là ces notations lapidaires et fugitives qui font le sel des récits d’Ammaniti : « Un goéland était perché sur le squelette d’un arbre couvert de sacs plastique qui émergeait de l’eau couleur gadoue. / Si Dieu m’était venu et m’avait demandé si je voulais être ce goéland, je lui aurais répondu oui. » (chap. 1, p. 23 de l’édition de poche).
Pas de tension, encore moins de surprise, et des zones d’ombre totalement inexploitées : j’ai eu la nette impression de lire quelque chose d’inachevé et de superficiel à la fois.
Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste J'ai aussi vu le film
Créée
le 19 janv. 2017
Critique lue 307 fois
D'autres avis sur Moi et toi
Eu égard à la sophistication narrative de ses précédents livres, Comme Dieu le Veut et La fête du siècle, Moi et toi peut être considéré comme un "petit" roman de Niccolo Ammaniti et pas seulement...
le 13 avr. 2017
Les thèmes, le personnage principal, la narration à la première personne mais aussi l’intrigue – quelques jours d’un adolescent bourgeois livré à lui-même – peuvent faire songer à l’Attrape-cœurs,...
Par
le 19 janv. 2017
Waouh ! Un petit roman pour une grande claque. Un ado mal dans sa peau va au bout de l'un de ses mensonges pour ne pas décevoir sa mère. Dans cette situation rocambolesque, il va découvrir sa...
Par
le 1 mars 2016
Du même critique
Pratiquant la sociologie du travail sauvage, je distingue boulots de merde et boulots de connard. J’ai tâché de mener ma jeunesse de façon à éviter les uns et les autres. J’applique l’expression...
Par
le 1 oct. 2017
30 j'aime
8
Pour ceux qui ne se seraient pas encore dit que les films et les albums de Riad Sattouf déclinent une seule et même œuvre sous différentes formes, ce premier volume du Jeune Acteur fait le lien de...
Par
le 12 nov. 2021
21 j'aime
Ce livre a ruiné l’image que je me faisais de son auteur. Sur la foi des gionophiles – voire gionolâtres – que j’avais précédemment rencontrées, je m’attendais à lire une sorte d’ode à la terre de...
Par
le 4 avr. 2018
21 j'aime