Moi tout craché par Missdynamite
McInerney, c'est comme le Grand Bleu pour certains (enfin, ouais, c'est pas gentil pour McInerney): c'est générationnel. Avec lui, nous avons tapé des traits dans toutes les boîtes new-yorkaises (lors qu'on avait tout juste assez de ronds pour un Eurolines à destination de Prague), nous nous sommes fait les plus beaux tops américains (quand on fréquentait des squats destroy du 9-3), nous avons connu les profondeurs enfiévrés de la nuit et les sueurs froides et solitaires du petit matin (et on a décidé d'arrêter les dures et les douces).
Un miroir déformant, en somme, qui nous montrait dans un fantasme de nous-mêmes plus glamours, plus riches, plus prometteurs.
Avec La Belle Vie (2007), on s'était dit OK, c'est mort, le mec est vieux et enlisé dans un romantisme post-11 Septembre - foutu.
Moi tout craché est un recueil de nouvelles. Les Français n'aiment pas les nouvelles. Ils trouvent que ça fait pauvres. Ils trouvent que ça fait mec qui est pas foutu d'écrire un roman. Ils trouvent que ça fait arnaque aux 8 euros qu'ils ont donnés au libraire.
Les Américains eux, en sont friands. Je ne vous fais pas la démonstration Carver. Disons juste que pour écrire des nouvelles, il faut avoir des thèmes suffisamment denses et personnels pour tenir sur plusieurs histoires sans donner l'impression de se répéter tout en développant des thématiques qui unifient l'ensemble. Disons aussi, en l'occurrence, que tous les thèmes propres à McInerney sont là, dans Moi tout craché, avec en plus une maestria d'écriture et des choix de points de vue narratifs.
Et, toujours, la juste dose de cynisme, de désespoir et d'envie, de sexe et de psy...