D'un point de vue général, c'est difficile de donner un avis sur l'anthologie complète. C'est pour cela que je vais détailler mon avis histoire par histoire au fur et à mesure de ma lecture. Car si elles ont le point commun d'avoir comme sujet principal les momies, elles sont très différentes, de part le style d'écriture, mais aussi par ce qui est raconté et la vision de l'auteur sur les momies.
En revanche, je peux vous dire que l'Éditeur est très prometteur. Malgré l'oublie de correction de quelques fautes et la mise en page pas très homogène de l'anthologie (dommage, ça donne l'impression que la correction n'a fait que survoler les histoires, ça gâche beaucoup la lecture !!), Cauchemars fait de son mieux pour réparer ses erreurs (une réédition est en cours pour ceux qui voudraient une édition parfaite !) et nous offre surtout des auteurs très prometteurs avec des histoires de qualités.
Commençons donc par la première histoire, Une petite fille si attentionnée de Cécile Guillot (qui est aussi l'illustratrice de la couverture pour ceux qui n'auront pas remarqué !). Je dois avouer que j'ai été très surprise par cette histoire ! En effet, en achetant ce livre, je m'attendais plus à des histoires effrayantes. Mais mis à part le côté macabre de la petite fille, cette histoire n'a rien qui fait peur (si ce n'est peut-être tomber un jour sur quelqu'un d'aussi dérangé qu'Ophélie et qui voudrait nous momifier). Enfin soit, ce n'est pas forcément un mauvais point, puisque le côté glauque de l'histoire est très bien maitrisé. Par contre, quelques détails m'ont déplu dans cette histoire. Je trouve qu'il manque plusieurs détails comme "quel âge a Ophélie ?" ou "où est son père ?". Je sais qu'un Appel à Texte est limité, mais ces deux points qui m'ont grandement manqué n'auraient fait que rajouter une ligne ou deux dans l'histoire. Donc à cause de ça, je suis restée un peu sur ma faim, car j'ai l'impression d'avoir raté des passages ou que quelque chose m'a été caché.
Passons à la deuxième histoire, Mastabas d'Angélique Ferreira. Tout d'abord, j'ai été surprise de découvrir des chapitres. Personnellement, je n'en vois pas trop l'intérêt, ne trouvant pas la nouvelle si longue que ça. Mais ce n'est qu'un détail technique. Ce qui est vraiment dérangeant c'est plutôt certaines tournures de phrases bizarres comme "La jeune reine contemplait l'astre solaire droit dans les yeux" à la page 25. Depuis quand le soleil a des yeux ? Quand la reine discute avec le général également, ce mélange de "vous" et de "tu" est extrêmement perturbant. Et malgré que j'ai pu lire l'explication à cela (la reine est troublée et cela se passait ainsi en ce temps-là), je n'en vois pas l'intérêt. Surtout que le général aussi fait ce mélange et qu'il n'a pas spécialement à être troublé. Tout le monde ne connais pas l'Égypte ancienne sur le bout des doigts, et je pense qu'il aurait été bien mieux de faire des dialogues "normaux" pour privilégier la compréhension de tous, ou alors au moins expliquer un minimum. Enfin, passons. J'avais crains beaucoup de fautes avec ce qu'on m'en a dit, mais finalement l'histoire s'est laissée lire sans difficulté. Je m'attendais à beaucoup plus d'erreurs à vrai dire.
Concernant l'histoire en elle-même, je dois dire n'avoir pas trop accroché. Ceci n'est qu'une question de goût. Il y a un peu d'horreur, comme je m'y attendais, mais ces noms très compliqués m'ont quelque peu gâché le plaisir. Passer du temps à lire et relire un nom long et difficile à prononcé n'est pas agréable. En revanche, j'ai trouvé l'émotion et les sentiments de la reine très bien décrits. J'ai beaucoup apprécié la fin qui a été très bien écrite et imaginée.
Par contre, autre petit détail technique, si je n'avais pas cherché sur Google le sens de Mastabas, je ne l'aurai jamais su. Il aurait été bon de trouver un moyen de l'expliquer dans l'histoire je pense. Comme je l'ai déjà dit plus haut, tout le monde n'a pas une grande connaissance de l'ancienne Égypte.
La troisième histoire, Corps et âme de Anaïs Perera, m'a à son tour surprise, mais de façon très agréable. Nous avons là une visions très originale des momies. Mais ce n'est pas sans rappeler un peu l'histoire de Dorian Grey, qui a un tableau le représentant et qui vieilli à sa place. Ici ce n'est pas tout à fait la même chose, mais ça m'y a fait pensé pendant un instant. Quoiqu'il en soit, je n'en dirai pas plus à ce sujet, risquant de vous couper le suspens !
Quant au style d'écriture de l'auteur, j'ai beaucoup apprécié. J'ai presque été déçue que ce soit déjà terminé à vrai dire ! L'histoire se lit d'une traite sans qu'on voit les pages filer. Peut-être qu'un peu plus de détails sur ce que font le peintre et l'étrange inconnu seraient les bienvenus. Car quelques questions restent toujours en suspens comme la nature exacte de leur accord par exemple.
Venons-en à la quatrième histoire, La mort céleste de Stéphane Soutoul. Nous avons là le genre d'histoire auquel je m'attendais le plus à lire en achetant ce livre. Une histoire d'un gardien de musée avec une momie. Pour le moment, c'est l'histoire qui me plait le plus. J'ai apprécié le style de l'auteur, dont on sent clairement qu'il a plus d'expérience dans l'écriture que les auteurs des premières nouvelles. Et même si au premier abord l'histoire ne semble pas très originale, elle se révèle finalement l'être après quelques pages, de par la particularité de la momie. Nous sommes plus dans le domaine de la démence que du mort qui se relève.
Passons maintenant à la cinquième histoire, La galerie de la nuit de Lydie Blaizot. Encore une très agréable surprise ! L'histoire est bien mise en place, toutes les informations dont nous avons besoin sont données (même s'il reste quelques mystères non élucidés dans les bizarreries qui se produisent), et on apprécie le temps qui est pris à nous monter le décor. On a même droit à un petit plan des lieux à la fin de l'histoire ! Au début j'ai cru à un truc très banal, avec découverte d'un tombeau égyptien et des momies qui se lèvent pour nous faire peur. Mais non, on n'y est pas ! Je ne m'attendais pas du tout à une telle tournure de l'histoire. Et de même que pour l'histoire de Stéphane, j'ai beaucoup apprécié le style de l'auteur dont on sent également qu'il y a eu de nombreuses pages d'écritures achevées avant celles-ci. J'en viens à ne plus savoir quelle histoire je préfère maintenant.
La sixième histoire, Gaspar de Gwenaelle Durand, m'a été très difficile à lire. La première raison est que le début est un peu confus. Personnellement, j'ai eu beaucoup de mal à suivre et à me représenter clairement la scène. Ce début est très précipité je trouve. Du coup, on se retrouve avec trois personnages sur les bras qui font diverses actions et parlent, mais malgré les "répondit Martin" et autres du genre, ça reste difficile de se représenter la chose. Sans doute car on n'est pas assez familiarisé avec chacun des protagonistes et qu'ils n'ont pas assez de particularités pour les distinguer clairement.
La seconde raison est l'incohérence dont fait preuve l'histoire. Qu'on mette du suspens, je veux bien. Qu'on soit face à un personnage qui se fasse passer pour ce qu'il n'est pas, passe aussi. Mais deux protagonistes qui se font passer pour des humains alors qu'ils ne le sont pas, surtout quand l'un deux agit totalement comme un humain jusqu'à tenter de s'enfuir et tout à coup devient le maître suprême de la situation qui peut paralyser tout le monde, ça devient un peu gros !
Au bout du compte, on a donc une histoire pour le moins originale (dans le mauvais sens du terme peut-être...) mais qui manque de travail et de finition.
On poursuit maintenant avec la septième nouvelle, Joe Fallon et le trésor de Viracocha d'Emilie Witwicki-Barbet. Jusque là, c'est peut-être l'histoire avec le plus d'erreurs d'impression. Plein de mots oubliés, une phrase carrément incomplète, des sauts de lignes qui disparaissent. Ça me fait presque regretter de ne pas avoir attendu la réédition. Un autre point qui m'a chiffonnée : quand la fille apparait dans l'histoire, on nous dit "c'est pas le genre qu'on voit par chez nous", et plus loin on a "un nom qui n'allait vraiment pas avec le physique nordique de la dame". Personnellement, je n'ai pas tout de suite compris que le "genre qu'on ne voit pas par chez nous" (donc dans ce village paumé du Nord qu'est Fourmies) c'était le genre habillé classe. J'ai d'abord cru qu'elle n'avait pas l'allure d'une fille du Nord. Mais bon, ce n'est pas très important.
Concernant l'histoire en elle-même, j'ai trouvé l'idée pas mal. La façon dont c'est raconté est originale. En effet, on se retrouve dans la peau d'un "gros dur au cœur tendre" et surtout au langage et aux pensées bien crues. Je dois dire qu'on aime ou on aime pas, moi je suis plutôt mitigée. Autant parfois ça m'a fait sourire, qu'à d'autres moments j'ai trouvé ça un peu lourd. Néanmoins, je n'ai pas été très emballée par la fin de l'histoire. Ça devient assez longuet à force, et ça manque un peu de suspens. On devine très vite certains détails (bien avant Joe d'ailleurs). De ce fait, je me suis un peu ennuyée en attendant qu'il arrive à la même conclusion que moi. Ou plutôt que les autres protagonistes lui expliquent la situation.
Continuons sur la huitième nouvelle, La main du musée d'Eva Aernout. Voilà encore une histoire qui m'a beaucoup plu ! Très bien écrite, dans un style agréable à lire. Je pense que jusque là c'est l'histoire la plus effrayante de l'anthologie. On se demande parfois si c'est vraiment une malédiction qui est liée à cette main coupée, ou bien si ce sont des effets de son imagination. L'histoire est très bien menée et parfaitement vraisemblable. Néanmoins, on regrette qu'il n'y ai pas plus de détails sur la momie. Pourquoi a-t-elle la main coupée ? Que lui est-il arrivé ? Qui était-elle à son époque ? Voici des questions que je me suis posées durant ma lecture et dont je trouve dommage ne pas avoir eu les réponses.
Vient ensuite la neuvième histoire, La messagère de Marie-Laurence Lemercier. Je dois avouer être assez mitigée pour cette histoire, d'un point de vue totalement personnel je parle. D'un côté, j'ai bien aimé le côté (très !) original, futuriste et plutôt vraisemblable de l'histoire. D'un autre côté, c'est peut-être un peu trop original justement. On perd tout le concept de base de la momie. Et en fait, on en parle vraiment qu'une petite ligne... De ce fait, j'ai eu du mal à vraiment apprécier l'histoire. Mais comme je l'ai déjà dit, ce n'est qu'une affaire de goût ici. De même pour le fait que j'ai trouvé l'histoire un peu longue.
Sinon, concernant le style de l'auteur, j'ai plutôt apprécié. Ça se laisse lire, même si on regrette quelques maladresses, comme à la page 212 où un même personnage parle et on lit pourtant un retour à la ligne avec tiret. Chose que je n'ai pas comprise et qui m'a beaucoup perturbée à ce moment-là. J'ai pu trouver également un commentaire de correction non effacé. Mais bon, dans l'ensemble c'est plutôt réussi. On a là une histoire qui fait très science fiction et dans laquelle on pourrait se perdre. D'ailleurs, quelques questions restent en suspens à la fin de l'histoire. Au final, ça me fait beaucoup penser aux films du genre Matrix, Inception, etc... Rêve ou réalité ?
On termine finalement avec la dixième histoire, Derrière la porte de Malaïka Macumi. Très honnêtement, c'est une très bonne histoire. Elle clôture parfaitement l'anthologie, et j'ai d'ailleurs beaucoup aimé la fin de l'histoire. Comme dans le récit précédent, on a un petit brin de futurisme avec de la cryogénisation, mais on n'entre pas pour autant dans la science-fiction. On peut néanmoins regretter que certains détails soient farfelus (la résurrection notamment !).
La plus grosse faiblesse de cette histoire est sans aucun doute sa mise en page. J'ai été énormément déçue par cela. Des sauts de ligne en veux-tu en voilà, des paragraphes conçus de différentes façon, rien d'homogène quoi. C'est réellement dommage, ça gâche beaucoup la lecture, alors que ça aurait pu être une excellente histoire. Il faut donc espérer que ce détail (mais ô combien important !) sera bien corrigé ans la prochaine édition. Car il faut avouer que ça laisse tout de même une petite note amer en fin de lecture.
Au final, la couverture est très attirante, et on n'est pas déçu de la majorité du contenu. Personnellement, je ne regrette pas d'avoir acheté ce livre et donné une chance à ce nouvel éditeur et ces nouveaux auteurs de me prouver leur valeur. Même si on sent qu'il y a un gros manque d'expérience, on sent également qu'il y a un grand potentiel.
A lire donc, au moins par curiosité.
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