La petite bourgeoisie n'en finit pas de mourir. Je laisse le résumé, qu'une autre critique a déjà fait. Aucun intérêt, et une insupportable pseudo-familiarité avec son ancêtre, un ton de libraire de province en tout point détestable. En outre, il ne se passe RIEN. Trois dates sur des papiers administratifs, des articles de son grand-père au jardin des plantes, et c'est tout. Aucune information sur sa psyché, rien d'imaginé, des vies tristement effleurées, sans qu'on dépasse le simple ravissement esthétique d'imaginer : "et si j'avais connu mon aïeul ..." Un roman eût fait de Jules Poisson un personnage intéressant ; ici, ce n'est qu'un vague reflet, une être "rêvé par une ombre" (Milton), pâle miroir dans lequel transparaît, mesquin, faussement naïf et doucereux au point d'en être écoeurant, la pauvreté de l'auteur. J'ai failli fermer le livre quand elle s'extasie devant une expression de Jules, parlant d'une "petite famille" de fleurs (je ne sais laquelle). "C'est tout moi", "je fonds", commente-t-elle. Et voici comment un mec qui a bossé à huit ans dans le jardin des plantes, vécu la commune et perdu un fils à la guerre est ramené à des considérations dignes de Marie-Claire. Il n'est pas assez de mourir : il suffit d'un descendant se tâtant de plumes, et les années ajoutent à l'outrage du temps celui de la bêtise.