Critique de Shaynning
Second opus de la série qui a gagné le Prix des Libraires du Québec dans la catégorie BD étrangère, "L'ombre de l'oiseau" est plus sombre et profond, mais prend place dans un monde plus élaboré,...
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le 23 oct. 2022
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Mon bel assassin" fait parti de la collection "Court Toujours" de la maison Nathan, que j'apprécie particulièrement pour son petit format et sa triple formule entre nouvelle papier, audio et numérique. C'est une formule qui se prête bien aux jeune lecteurs moins friands des pavés et pour les ados qui apprennent le français.
Notre narratrice est une figure phare du militantisme écologique, adolescente ayant une cause tatouée sur le coeur et devenue un symbole de niveau international. Ce n'est pas de tout repos, cela dit. Sa propre personne est devenu une "marque" pouvant servir à la cause, ce qui lui donne l'impression d'être dépersonnalisée. Ses proches et ses amis ont fini par ne plus lui adresser la parole, rendant sa vie bien solitaire en dépit des milliers de personnes qu'elle côtoie pour ses actions et ses manifestations.
Alors qu'elle prend un autobus pour rentrer chez elle, elle croise la route d'un garçon de son âge, qui souffre de prosopagnosie, qui est une forme d'agnosie visuelle qui empêche de reconnaître les visages. Son visage fort connu devient du coup anonyme. Mais, est-ce que cette rencontre est trop belle pour être vraie?
Si j'ai trouvé la première partie super intéressante, parce que des personnages écomilitants, il y en a presque pas, la seconde m'a semblé un peu de trop. Ça n'empêche pas du tout au roman d'être bon, mais compte tenu du sujet qui mérite beaucoup d'informations, tourner une fois encore à la romance m'a semblé décevant. Dans le roman "Aux ordres du coeur" de la même collection, il y avait la même composante. Une jeune fille complètement dévouée à sa mère malade se retrouve libre et la première chose qu'elle fait? Elle se pâme pour un inconnu. Ça me semble très convenu dorénavant que les personnages féminins ne soit finalement jamais capables de rester célibataires. Non, il leur faut un gars et une romance. L'idée que le potentiel ami soit un assassin était franchement intrigante...mais non. C'est vraiment un prospect de petit copain. Ah. Encore. Bon bah...Je comprend l'idée que même les grandes dames de ce monde qui sont atypiques et célèbres peuvent trouver un conjoint(e), mais étais-ce si obligatoire finalement vu la nature du personnage? Ç'aurait pu être un ami aussi ou une personne qui partage ses valeurs. Mais non, ça prenait les papillons, la niaiserie et l'impression de coup de foudre. Encore. Décidément.
La première partie en revanche foisonnait de nouveauté. Je dirais même que "Pippa" me faisait terriblement penser à Greta Thunberg. Son côté peu souriant, très cartésien, ses tresses, sa grève devant le parlement de son pays, ses rencontres avec des ministres, son âge et son symbolisme sont tous des indices laissant croire que c'est elle. L'incursion dans sa psyché était fascinante. le fait que la jeunesse ne se fait pas prendre au sérieux est un élément fort, parce que c'est malheureusement bien vrai. Même constat pour le genre féminin. La condescendance des Grands de ce monde aussi. L'appel à la mobilisation d'une cause plus grande que soit est en soit rare, ça prend des gens de fort caractère et capable de se couper du troupeau pour mener ce genre de combat. L'écoanxiété aussi est relativement un nouveau concept, dont souffre une génération en pleine jeunesse. Bref, niveau sujet, c'était vraiment intéressant et j'aborde dans le sens d'autre Lecteur et Lectrices qui disent qu'il aurait mérité un pleins roman.
Sourire pour la première fois de sa vie parce qu'on a reçu le numéro d'un gars, dans mon livre à moi, c'est super triste et pathétique. Avec tout ce qu'elle a accomplis ce personnage, on veut me faire croire qu'elle n'a jamais souris?
L'image de la personne devenu un symbole publique a été exploitée dans la série des Hunger Games, et vient avec son lot d'enjeux. Ce qui est particulier quand on devient un symbole vivant, c'est le risque de se voir disparaitre en tant qu'entité humaine, ayant des limites, des valeurs, une vie et des émotions. C'est pourquoi j'évoquais une certaine forme de dépersonnalisation. Mais reste que tout symbole que puisse être la personne, elle demeure humaine et continu d'avoir des besoins. En ce sens, avoir un réseau social, des hobbies et des moments pour vivre sa vie sont importants. Sinon, il y a de la compromission quand à la santé mentale. Ici, on voyait à quel point notre héroïne semblait s'engluer dans sa propre cause, au point de ne vivre que pour cela, au point de souffrir d'insomnie et au point de devenir paranoïaque. Ça suscite un bon début de réflexion.
Côté écriture, ça se lit tout seul. Il y a des figures de style amusantes, surtout les comparaisons et les allégories. On se demande bien ce que ce personnage va nous livrer, tant son vécu est atypique et sa personnalité originale. Je nous en souhaite d'autres, des comme elle.
Dans l'ensemble, j'ai aimé et je vous invite à le découvrir.
Pour un lectorat du premier cycle secondaire, 13 ans+.
Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Si les Titres étaient honnêtes ils s'intituleraient..., Olibrius: Sans romance, ç'aurait été bien plus intéressant à lire, Romans Jeunesse: Tome unique et Olibrius: Mieux sans le beau ténébreux couillon
Créée
le 5 juin 2022
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