Léger, en toute simplicité, mais pas déplaisant pour autant

Depuis la sortie des aventures de Sherlock Hommes contées par son partenaire Watson, le grand détective en à inspirer plus d'un. Dans la vie réelle, bien des enquêteurs ont admiré puis adopté ses méthodes. Au théâtre, à la télévision comme au cinéma, bon nombres d'acteurs ont endossé le rôle de notre cocaïnomane préférés avec plus pu moins de talent. La littérature, qui a vu le petit Sherlock faire ses premiers pas, n'est pas en reste non plus. Parodies, pastiches, adaptations au monde moderne, essais sur le maître, nombreuses sont les plumes portées par le souffle de Conan Doyle.


Alors qu'est ce que Kim Newman apporte à l'édifice ?


Tout d'abord, le livre ne met pas en scène Sherlock Holmes. Il en est bien fait mention ici ou là, mais à vrai dire, il apparaît presque moins que son associé, et ne met les pieds dans le livre que sous les traits d'un "grand échalas" fatigué, drogué, hyper tendu et sur le point de mourir aux chutes bien connues de Reichenbach. De quoi égratigner le mythe n'est il pas ?


En réalité, Newan s'inspire des écrits de Conan Doyle pour créer le double obscure du duo. Moriarty en cela, ressemble énormément à Holmes. Tout comme le célèbre détective, il est hautain, secret, extrêmement intelligent et davantage motivé par les énigmes que par l'argent. La seule différence notable à vrai dire, est dans l'application de leurs talents. Moriarty, la bête noire de Sherlock, seul véritable ennemi à sa hauteur reconnu comme tel (avec Irène Adler peut être, qui n'est guère plus appréciée de Moriarty) est presque aussi connu que l'homme de Baker Street.
Évidemment, une telle personnalité est source d'inspiration.


Newman reprend donc certaines des aventures du détective, comme le Chien des Baskervilles, et les tournes à la sauce Moriarty.
Watson est alors remplacé par Moran, contraire absolu du médecin mais qui, comme lui, immortalise les exploits de son patron.


Les histoires de ce duo sont sans conteste intéressantes. Preuve en est, elles donnent rapidement envie de replonger dans nos vieux Conan Doyle. (Bon, je dois admettre que le contexte du moment a enfoncé le clou : je regarde la saison 2 de Flynn Carson et les nouveaux aventuriers et qui y apparaît ? Moriarty ! Je rentre chez moi et zappe en quête d'un programme à regarder et sur quoi je tombe ? Trois adaptations de Sherlock Holmes... En une semaine, cela vous pousse à regarder du côté des Doyles dans la bibliothèque forcément... Mais je m'égare.)


Je dois admettre que le style donné à Moran par l'auteur m'a laissé un peu sceptique. C'est un tueur, un bandit, un scélérat, mais il sort d'Eton, merde ! Alors soit il n'en fait pas assez dans le registre familier et grossier, soit il en fait trop. Il y a comme un petit arrière goût de "pas assez mature" derrière tout cela, et personnellement j'ai trouvé la chose irritante.
Mais comme je l'ai dis plus haut, les histoires sont bonnes.
Les surprises sont au rendez-vous puisque seul Moriarty connait le plan d'ensemble de ses coups et que nous en découvrons l'aboutissement en même temps que Moran.
De plus, Newman mélange avec un certain talent certaines histoires et implique avec plaisir d'autres personnages du monde fictif.
Je l'admet, mon préféré fut le Chien des D'Ubervilles, qui joint avec fluidité l'oeuvre bien connu de Doyle et celle d'Hardy (Tess d'Urberville pour les non amateurs). Le clin d'oeil au prêtre indiquant au vieux Dubeyrfield ses liens de parenté avec les D'Urberville ainsi que celui adressé à la triste fin de Tess sont un plaisir.
Ainsi, même si l'on connait l'histoire originale par coeur et que l'on se doute déjà de la plupart des rebondissement, le plaisir de découvrir cette histoire de chien maudit cuisiné à une nouvelle sauce est un plaisir. Et lorsque l'on prend plaisir avec du déjà vu, c'est qu'il y a du potentiel, non ?


Un autre point fort de l'oeuvre de Newman, son humour. Quoi que l'oeuvre ne soit pas une parodie écrite pour faire rire, les mémoires de Moran ne sont pas dénuées d'humour. Bien entendu, sa vision du monde et ce qui est évident pour lui peuvent faire sourire, mais il n'y a pas que cela. La présence de la célèbre Bianca Castafiore et son interprétation de l'air des bijoux, tout comme la famille de James (son frère James Moriarty et son autre frère James Moriarty -pas de faute de ma part- amènent une situation prêtant à sourire) ou même la lubie du grand Vampire de Paris pour le crâne de Napoléon font leur petit effet.


De plus, le livre est publié chez Bragelonne dans un grand format qui en fait un joli ouvrage avec sa couverture stylée et ses pages aux bords argentés (oui, je le confesse, je suis nostalgique de ces livres aux bords de page rouges ou orangées, c'est mon pêché mignon, et alors ?). Cela en fait un livre plaisant à regarder et qui donne envie d'être lu sans même jeter un oeil au résumé (ce qui n'est pas plus mal car ce dernier peut induire en erreur avec l'évocation de personnages aux noms science fictionnesques).


À vrai dire donc, seul trois détails m'ont chiffonnés : le style donné à Moran, dont j'ai parlé un peu plus haut, la préface dispensable expliquant comment l'oeuvre à refait surface (et comment les grossièretés de Moran ont été sucrées), et la désagréable mise en page qui vous force à mettre un marque page en fin de livre afin de pouvoir y lire les notes qui auraient très bien pu se glisser en bas de page).


Moriarty n'en reste pas moins un livre plaisant à lire pour ses histoires bien pensées, son humour et l'intervention agréable ici et là de personnages fictifs provenant d'autres oeuvres de genres différents. Le format nouvelle en fait de plus un livre qui se lit vite et qui n'ennuie pas malgré ses imperfections.
Un 7 peut être un peu surnoté, mais je ne me voyais honnêtement pas lui mettre un simple petit 6... (Surtout pour un livre qui n'a pas encore de moyenne SC ^^)

Créée

le 14 janv. 2016

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Gaby Aisthé

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