Avec Mufle, Éric Neuhoff revisite le thème éculé du conjoint volage et construit sa narration par une série d’à-coups qui rapportent la lente désagrégation d’un empire passionnel ; en ce sens, et bien qu’il ne soit pas le premier à s’y atteler, l’auteur nous dit quelque chose de l’art d’aimer au XXIe siècle : l’omniprésence technologique tend à accroître la tentation d’un ailleurs toujours plus vert que le couple dans lequel on vit. Le glissement du pronom il au je autobiographique révèle la confusion assez touchante entre le romancier et son personnage, à la fois victime et bourreau, pleinement Héautontimorouménos. Témoignage sur la difficulté d’aimer, Mufle ne dépasse jamais le règlement de compte cathartique plein de bruit et de fureur, ce qui en réduit considérablement la portée dramatique, et littéraire.