Inachevé
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Didier Daeninckx nous livre une vision sombre et sans concessions de la gestion municipale des banlieues nord de Paris, aux mains d’élus communistes peu scrupuleux et notamment Aubervilliers, où il a vécu jusqu’en 2020. Toutefois, la manière dont il rédige son pamphlet ne lui permet pas de faire totalement mouche.
Daeninckx revient d’abord sur les espoirs suscités par l’avènement de municipalités communistes dans le nord de Paris dans les trois décennies ayant suivies la Seconde guerre mondiale, avant d’expliquer comment les circonstances ont amené certains élus locaux à se complaire dans le clientélisme pour se maintenir en place. Il pointe du doigt l’instrumentalisation de certains enjeux de société et des communautarismes, la proximité de certains élus avec des individus peu recommandables ou même leur complaisance avec des islamistes notoires. À ce titre, il est intéressant de voir à quel point la gestion de ses municipalités semble désastreuse, antirépublicaine et contre-productive. On découvre ainsi avec stupeur qu’entre les personnes non-inscrites sur les listes électorales et l’abstention, seul3/ 5 % des habitants d’Aubervilliers choisissent effectivement leur maire. Corruption et clientélisme s’en trouvent ainsi amplement facilités.
Malheureusement, Daeninckx nous propose un brûlot politique désabusé plutôt qu’une enquête de fond ou une analyse sociologique. Il évoque des personnalités et des situations, sans jamais mettre de nom dessus. On devine qu’il veut se protéger d’éventuelles poursuites judiciaires et de menaces de la part d’individus qu’il présente clairement comme des voyous, voire des criminels. Mais en procédant ainsi, il abdique finalement partiellement face à ceux qu’il dénonce. Cela n’a en réalité rien de surprenant, puisqu’il présente lui-même cet ouvrage comme un développement des raisons qui l’ont poussées à quitter Aubervilliers, où il a pourtant vécu plusieurs décennies.
Le triste constat dressé dans ce tract révolte autant que la fuite de son auteur déprime. C’est finalement dans l’actualité que l’on trouve une maigre consolation, avec la défaite de la liste communiste aux élections municipales de 2020... au profit d’une liste d’union des droites. Amère consolation.
Créée
le 13 mai 2021
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