Et après ?
Lire ces Mythes de la Mésopotamie après avoir fréquenté les textes de Jean Bottéro, c’est un peu comme boire une canette d’Orangina après un verre de pouilly-fuissé. Ce n’est pas mauvais, ni...
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le 8 févr. 2018
Lire ces Mythes de la Mésopotamie après avoir fréquenté les textes de Jean Bottéro, c’est un peu comme boire une canette d’Orangina après un verre de pouilly-fuissé. Ce n’est pas mauvais, ni regrettable, c’est même appréciable dans certaines circonstances, mais tout de même moins bon et moins riche ; les enfants peuvent en goûter sans danger. Autre différence : Bottéro vulgarise ses propres recherches comme un vigneron vous fait déguster son cru, là où Henrietta McCall s’est simplement documentée.
Autre différence, et de taille : le livre de McCall, principalement factuel, propose très peu de mises en perspective. Le gros du chapitre consacré aux mythes en tant que tels est constitué de résumés, et l’interprétation y est réduite à la portion congrue. Autrement dit, le lecteur curieux, une fois les Mythes de la Mésopotamie refermés, se posera la question Et après ?
Cela pourrait ne pas poser trop de problèmes, s’agissant avant tout d’un texte de vulgarisation. Mais c’est l’approche elle-même qui est parfois discutable. D’une part, dans les rares moments où elle propose de véritables analyses, elle tend à opérer des distinctions au mieux artificielles, au pire trompeuses : si « les mythes concernent les être divins ou semi-divins, les légendes concernent les êtres historiques ou semi-historiques » (p. 40), que fait-on alors de l’Atlantide, des vampires et d’Alexandre le Grand ?
D’autre part, la façon dont Henrietta McCall semble marquée par une supériorité de la modernité sur l’Antiquité : « leur traducteur [des textes présentés] n’a pas cédé à la tentation d’utiliser des adjectifs différents lorsque l’akkadien se limite à un seul ou d’enjoliver le texte à l’intention d’un auditoire moderne plus complexe » (p. 12) – là où Bottéro, précisément, s’efforçait de montrer à quel point la culture mésopotamienne était, elle aussi, complexe.
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le 8 févr. 2018
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