Certains livres ont une histoire particulière, et Ne cherche pas à savoir est d'autant plus étonnant qu'il émane d'un auteur que personne n'imaginait s'essayer au policier. En effet, Erik Wietzel est non seulement talentueux mais aussi adepte de la communauté plutôt fermée de la fantasy française ; membre, de surcroît, de La ligue de l'Imaginaire qui regroupe plusieurs écrivains dont on appréciera, ou pas, un certain enorgueillissement. Quoiqu'il en soit, ce nouvel écrit tranche aussi avec le milieu particulier de l'édition puisqu'il est le fruit de la collaboration entre trois branches distinctes : la maison XO, le dérivé de My Major Company ("Books", pour l'occasion) et... les internautes qui, à l'instar de l'expérience musicale, ont pu cette fois-ci produire un écrivain en investissant directement. dans la publication. Chacun d'entre eux connait d'ailleurs son instant de gloire puisqu'ils sont tous cités à la fin du livre ; ce qui, même s'il ne satisfait pas le porte-monnaie, constitue un bel hommage. Enfin, il a été réédité (avec une couverture bien plus sympathique) afin de pouvoir être lu par un public malvoyant.
Malgré une intrigue un peu faiblarde et un cheminement auquel beaucoup reprocheront une certaine niaiserie et des révélations souvent plates, "Ne cherche pas à savoir" peut se targuer de nous livrer un roman d'aventure qui immerge le lecteur dans un Naples chaleureux et grouillant de personnages typiques d'une Italie pour laquelle on se prend d'affection : une mama aigrie et respectée dans le monde de la rue, des gorilles rustres qui servent d'hommes de main, des artistes décalés, des restauratrices commères, un américain séducteur... et une "petite" française qui tente de se faire une place sous le soleil romain. Au-delà de ces personnalités rayonnantes de vie, ce sont surtout les descriptions chaudes et animées d'une ville qui a beaucoup à dire qui tiennent le lecteur en haleine ; décors décrits, avouons-le, avec un style très proche de la fantasy. Cette atmosphère haute en couleurs se teinte même parfois du sentiment que certains connaisseurs ont connu du temps des "point'n'click" et rappelle étrangement un certain "Broken Sword" (dit "Les Chevaliers de Baphomet", dans la langue de Molière).
Davantage un roman d'aventure plein de vie qu'un thriller macabre, "Ne cherche pas à savoir" n'a rien d'horrifique ni de violent. Certes psychologique du fait d'un personnage principal qui se cherche et se perd dans les méandres de la complexité d'une histoire d'amour semblant vouée à l'échec, E. Wietzel parvient à rendre haletant le suspense de son enquête au travers des descriptions colorées d'un Naples grouillant de vie et de personnages attachants. Cette histoire de quatre jours, si elle oublie le plus souvent qu'elle a été présentée sous la forme d'un roman noir, dresse avant tout le portrait d'une histoire amoureuse à l'italienne qui, naturellement, ne manquera pas d'éveiller les sens de son spectateur.
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