Parmi les nouveautés de cette rentrée littéraire, celle-ci était tout en dessous de ma pile ; Never Mind de Gwenaële Robert : titre en anglais, roman historique autour de Napoléon, premier chapitre qui s'ouvre le 3 Nivôse de l'an IX, rien de très attirant pour moi … Et puis, …
Et puis, très vite, la richesse de la langue, la complexité de la narration avec ses histoires croisées mais bien ficelées ont fait de ce roman le page-turner de cette rentrée, celui dont on ne peut plus s’arrêter de tourner les pages. L'histoire relate une véritable tentative d'assassinat à l'encontre de Napoléon. De cet échec – la machine infernale créée n'a touché que des commerçants, des enfants et loupé le convoi du Premier Consul - naîtront des décisions liberticides en chaîne de la part du futur Empereur, l'exil forcé de plus de deux cents hommes, des parodies de procès et une myriade de têtes coupées et le remord du jeune assassin raté ne fera que croître toute sa vie. En effet Limoelan, l'auteur du crime n'est pas attrapé, à mesure qu'il fuit, des gens sont condamnés à sa place. Le récit est très cinématographique et réussit l'exploit de plonger un lecteur même peu assidu aux cours d'histoire dans le Paris des années 1800. Les scènes s’enchaînent comme dans une pièce d'Alexis Michalik, pas de place à l'ennui.
L'autrice se joue des genres, ni une biographie, ni un thriller, cette traque haletante est d'une grande efficacité, tout autant dans la tension qu'elle déploie que dans la description fine et juste qui se dessine au fil des chapitres sur cette France aux classes sociales bien distinctes. Entre boue et luxe, les destins des citoyens se croisent, se mêlent pour créer cette fresque aux multiples rebondissements où démêler le vrai de la fiction n'est plus nécessaire tant l'histoire est savoureuse et captivante.