22 Novembre 1963 : John F. Kennedy, 35ème président des Etats-Unis, vient d’être assassiné à Dallas.
Sa veuve, Jacqueline « Jackie » Kennedy, tente de se ressaisir. Elle a quatre jours pour préparer un enterrement qui fera selon elle, de Kennedy, un président que l'on n'oubliera pas. Elle racontera ces cinq jours, de l'assassinat aux funérailles, à un journaliste quelques temps après.
Autopsie précise et intime de la femme du président, le film est à la fois proche et distant de son héroïne. Les codes du biopic sont très bien exploités. C'est un vrai film de cinéma, pas une biographie froide et sans ferveur de la part de l'auteur.
C'est l'histoire d'un changement, savoir partir, savoir se laisser remplacer, tourner la page, changer de vie. Pour son premier film en anglais dans le système Hollywoodien, Pablo Larrain s'en sort très bien.
Il réalise là une très belle étude, très esthétique dans la matière brute de la douleur de la femme d'un mort qui a marqué l'histoire. Même cette mort est jolie. On ressent d'autant mieux la gêne en tant que spectateur d’assister à cet assassinat magnifié.
C'est la veuve éplorée dans le contre jour du couché du soleil de novembre. C'est la femme chic et seule en inadéquation avec un cimetière boueux. C'est la mère de famille qui protège ses enfants. C'est la propriétaire qui se voit dépossédée de son lieu de vie, de son train de vie.
Pablo Larrain montre la tragédie de la douleur de la perte, qui plus est, partagée avec des millions. La larme que cherche le réalisateur n'est pas excessive. La musique n'est pas digne d'un grand mélo, c'est sa redondance qui apporte l'émotion. Par ailleurs, le montage sert très bien le film. Les scènes se croisent et s'entrecroisent pour apporter un véritable rythme. Tour à tour le meurtre, la préparation, et l'entrevue se mêlent. C'est une femme qui prend conscience de plein de choses avec le recul.
Le film se constitue de gestes simples. Tout est dans la manière de dire (et filmer). Quand Jackie nettoie le sang de son mari qu'elle a sur elle, quand elle dit "papa ne reviendra pas, il est avec votre frère mort", Larrain met mal à l'aise le spectateur. Peut être aussi grâce à l'aspect documentaire du film. Le film est fort grâce à cela. Le réalisateur questionne à propos de la vérité dans le monde d'aujourd'hui. Parce que ça fait vrai c'est vrai ? Jackie romance elle même avec le journaliste sa vie. Puisque c'est écrit, ce sera vrai.