De John Kennedy au cinéma, je retiens surtout l'effrayant et puissant JFK d'Oliver Stone, avant que Pablo Larraín propose une vision de ce qu'a été les trois jours suivant sa mort pour sa femme Jackie.
Derrière ses airs de biopics oscarisables aseptisés se cache surtout une oeuvre potentiellement intéressante, bien décidée à sortir de la facilité et des sentiers battus auxquels ce genre nous a clairement habitué depuis quelques années. D'abord entre les mains de Darren Aronofsky qui voulait faire ce biopic pour celle qui était encore sa femme Rachel Weisz, Jackie se voit confier à Pablo Larraín qui va évoquer la veuve du président à travers trois époques différentes tout en accentuant sa fragilité et la façon dont elle reste digne malgré que tout semble s'écrouler autour d'elle suite à la mort de son mari.
C'est là que se trouve le principal intérêt de Jackie, dans cette vision qui s'éloigne du schéma habituel chronologique, mais qui cherche à évoquer et surtout comprendre une femme à travers trois moments de sa vie. L'écriture se révèle plutôt de qualité, même si la construction du scénario laisse parfois à désirer, notamment lors de certains retours dans le passé. Pablo Larraín intéresse d'abord, puis intrigue, et ce malgré des passages moins intéressants, notamment lorsqu'est évoqué la visite télévisuelle de la maison blanche.
Il propose tout de même un habile portrait de femme, ici en plein deuil. Il décrit plutôt bien les seconds rôles (notamment Bobby Kennedy) et propose une reconstitution plutôt réussie. On peut tout de même regretter une certaine froideur, une émotion qui ne vient jamais malgré un certain potentiel allant dans ce sens, notamment via le drame vécu par cette femme.
On trouve aussi quelques failles dans les pensées, notamment lorsque le sens de la vie par Jackie Kennedy y est évoqué, lorgnant plus souvent vers la philosophie de comptoir, ce qui n'était pas nécessaire (ni utile à l'oeuvre). Malgré sa beauté, Natalie Portman peine à surprendre, ici confronté à un seul et unique registre, celui de la veuve dépressive, mais elle s'en sort tout de même plutôt bien et fait preuve d'une importante sobriété.
Une oeuvre intéressante, qui se refuse de n'être qu'un biopic académique de plus aussi vite oubliable, et si cet aspect est intéressant, il n'occulte pas les défauts autour du fond et de l'émotion de l'oeuvre, bien que ça n'empêche aucunement d'apprécier Jackie à sa juste valeur.