Je crois que JFK est un film qui nous a passionné, qui a participé à rendre mémorable dans l'époque moderne la mort de John Fitzgerald Kennedy. Tout le monde a vu la vidéo de son assassinat, cette femme qui se jette en arrière pour récupérer par réflexe le morceau de crâne de son mari qui vient de recevoir deux coups de feu mortels…
Jackie nous offre une occasion de glisser un œil dans le cœur de cette tempête, ces 4 jours de deuil.
D'emblée frappe l'énorme travail de reconstitution historique dans les costumes, les décors ; dans le travail de post-production effectué, sans doute difficile, pour mêler les personnages incarnés à l'écran et la réalité des images d'archives, mêler images d'archives à images réelles… Je pense que c'est une des réussites du film.
Il faut aussi saluer Natalie Portman et Peter Sarsgaard qui font un travail d'acteur remarquable, Billy Crudup qui nous accompagnera tout au long du film dans un autre registre…
Et pourtant, Jackie est le film le plus chiant que j'ai vu en 2017. Et on n'est qu'en janvier.
Je pense que le principal problème est que ce film n'arrive pas à raconter une histoire. Qui est Jackie Kennedy ? Sans une pré-connaissance du sujet, ce n'est qu'une veuve antipathique qui se ballade en pleurant dans les couloirs de la maison blanche en fumant beaucoup trop et en vidant tous les bars qu'elle croise.
Il n'y a pas de contexte, il n'y a pas de définition, il n'y a pas d'explication.
Larrain ne nous offre pas un vrai biopic, mais choisi d'assumer le drame absolu sans pour autant nous aider à avoir de l'empathie pour son héroïne. Le script semble avoir du mal à dépasser les notes d'entretien augmentées qu'à prise Theodore White pendant son interview… Aucun écart ne sera fait pour effectuer l'exposition la plus élémentaire. « Renseignez vous avant »
Sans connaissance de l'histoire américaine du 20e siècle il peut être difficile d'entrer dans ce film.
D'autant plus que le monteur son semble s'être endormi sur sa console.
La bande originale de Mica Levi qui avait accompagné de ses plages inquiétante le film Under The Skin est répétée avec ses violons, et je pourrais la qualifier au mieux d'intrusive. Chaque scène, chaque décision est couverte par une musique trop forte, trop présente, trop marquée. Toujours, presque, la même.
Et cela n'est jamais arrangé par le rythme. Je comprends, hein. C'est un film sur le deuil, sur la façon particulière qu'à le temps de se comporter après la mort d'un proche. Larrain recherche une proximité avec la veuve, à exprimer sa douleur. Je ne savais pas que Jackie était anémique. Sur cette femme politique forte et imposante la caméra se traîne en long plans séquences et des dialogues mous.
Une héroïne qui ne nous est pas présentée, que l'on n'entend pas s'exprimer, semble vivre un drame épouvantable à côté de nous. Au lieu de lui tendre la main, notre premier réflexe est de bailler.