Jean-François Revel est journaliste de métier et ça se voit. Ses œuvres sont toujours d'un style vif, factuel, presque comme un magazine, quitte à décevoir ceux qui, comme moi, recherchent un texte un peu plus conceptuel.
Je m'attendais à une analyse du mouvement de fond à la fois libéral et progressiste qui s'empare de l'Occident depuis l'après-guerre. S'il faut reconnaître que Ni Marx Ni Jésus est l'un des premiers ouvrages à identifier ce mouvement et à lui reconnaître des qualités révolutionnaire, il ne s'appesantit malheureusement pas vraiment sur ses racines théoriques. Revel préfère faire la recension des formes contestataires du gauchisme américain, non seulement pour démentir l'idée préconçue que les américains seraient massivement réactionnaires, mais surtout pour dire qu'ils contestent mieux que les Européens eux-mêmes, plus encore, qu'ils inventent les nouveaux modes du gauchisme que les européens, soumis à l'influence soviétique, seront réduits à copier.
Revel avait magnifiquement raison. Mais je cherche encore celui qui m'expliquera les racines historiques et théoriques du mouvement libéral-progressiste. Ici, on ne se déconnecte jamais vraiment d'une actualité qui, cinquante ans après, semble bien poussiéreuse. D'autant plus que, de Marx ou de Jésus, il n'est question qu'à la marge. Il s'agit surtout de parler des mouvements contestataires en eux-mêmes. L'ouvrage ressemble furieusement à "L'obsession antiaméricaine", tant il passe le plus clair de son temps à réfuter des préjugés antiaméricains.