Un jour, Addie Moore, soixante-quinze ans, veuve, rend visite à son voisin Louis Waters, veuf lui aussi et pas très jeune non plus. Elle a quelque chose à lui demander. Une chose toute simple. Il fallait juste oser. Elle l’a fait. Souhaitait-il venir chez elle de temps en temps pour dormir avec elle ? Louis reste silencieux. Pas longtemps. Puis il accepte.
« Et si je ronfle ? », « Alors vous ronflerez, ou vous apprendrez à arrêter. »
Le lendemain, Louis va chez le coiffeur, se fait raser, mange léger, prend une bonne douche, se coupe les ongles des mains et des pieds, place son pyjama et sa brosse à dents dans un petit sac en papier et se rend chez sa voisine…
C’est une très belle histoire qui commence, pas mièvre du tout, loin de là, pas simple du tout mais forte, puissante et qui nous prend vraiment aux tripes. Difficile de lire les dernières pages sans retenir ses larmes…
Nos âmes la nuit est une œuvre empreinte de poésie et de sobriété qui évoque, sans gêne et, en même temps, avec beaucoup de pudeur et de douceur, le corps et la sexualité des gens un peu âgés, le regard des autres, les conventions, la solitude, la tendresse, la vie qui passe et dont il faut profiter.
L’écriture dans son dépouillement et ses silences rappelle certains textes de Marguerite Duras. Elle acquiert parfois aussi une dimension théâtrale et l’absence de tirets ou de guillemets pour marquer les discours directs donne le sentiment que les paroles des protagonistes s’enchaînent très naturellement et avec une telle évidence que l’on sent naître entre eux une réelle et profonde complicité.
Une histoire d’amour extrêmement touchante et lorsque l’on songe que ce livre est le dernier de Kent Haruf (1943-2014), on se dit qu’il s’agit là d’une jolie révérence et d’un bel hommage à la vie !
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