«Je résume ma vie, je vais mourir», écrit le chat qui prend la plume. Il est blessé. Un sale truc. Ça pue et ça brûle. Sa mère lui avait pourtant bien appris, lorsqu’il était chaton, à ne s’approcher des humains pour rien au monde. Toute son enfance de chat libre, il l’a passée à écouter les récits des atrocités qui l’attendent s’il se laissait aller à faire confiance aux bipèdes. Il a vécu dans la forêt, chassé les écureuils, dragué les minettes, fait des enfants et disputé avec eux son bout de territoire. Il a profité des printemps et essuyé les hivers. Beaucoup d’hivers. C’est une rude vie, qui lui a toutefois laissé le temps de philosopher pas mal sur la place du chat dans l’univers et sur la médiocrité de l’homme. Ah, ça ! Il en a, des choses à dire. Et l’écouter est vrai plaisir.