J’ai découvert la plume d’Olivier Bleys avec son roman Concerto pour la main morte, que j’avais beaucoup apprécié. Je la retrouve ici avec Nous, les vivants, un livre particulier et difficile à qualifier.
L’auteur nous présente Jonas, pilote d’hélicoptère qui vit dans les Andes avec sa femme et sa petite fille. Son village fait l’objet d’une longue description au début du livre, un peu trop longue peut-être car malgré un court récit (moins de 200 pages), nous avons une longue introduction. Bon, passons, ce n’est pas un gros défaut. Revenons à l’histoire. Jonas donc est un jour appelé à ravitailler un gardien au refuge de Maravilla, qui se trouve perché à 4200 mètres d’altitude. Il y fera non seulement la rencontre avec ce gardien mais également avec un personnage atypique, nommé Jésus. Jésus est vérificateur de frontières. Jonas ne devait être absent que pour quelques heures, mais une tempête en décidera autrement. Il se retrouve alors coincé avec le gardien et cet étrange Jésus pour une durée indéterminée.
Nous, les vivants, n’est pas un roman d’action ou d’aventure. Pas non plus un thriller ou un récit fantastique. Non, Olivier Bleys est davantage porté sur l’introspection. Je l’avais déjà remarqué avec Concerto pour la main morte, et on retrouve les mêmes thèmes ici. Les histoires sont bien sûr différentes mais on retrouve un thème cher à Olivier Bleys, qui est la fragilité des hommes. Car Jonas, qui pensait retrouver rapidement son train-train habituel et sa famille, se retrouve confronté à lui-même et n’aura pour compagnie que ces deux individus. Au départ, Jonas fera tout pour reprendre la route au plus vite, mais à chaque fois, quelque chose le retiendra. Au point qu’il finira par penser qu’une force mystérieuse le force à rester là où il est. Il passera alors par toute une série d’émotions : la colère, l’impuissance, la frustration, la résignation. Jusqu’à ce que Jésus lui propose de l’accompagner pour un voyage dans les montagnes afin de trouver la frontière entre le Chili et l’Argentine.
Voilà pour l’histoire. Passons à mon avis. Tout comme Jonas, je suis également passée par plusieurs émotions lors de ma lecture : le plaisir de retrouver la belle écriture d’Olivier Bleys, l’amusement face à la description du village, l’ennui quand je commençais à la trouver un peu trop longue, l’impatience de savoir où cette histoire va m’emmener. La perplexité parfois, car certains passages sont assez déroutants. L’agacement, face aux réactions enfantines de Jonas. Par contre, un sentiment est resté constant tout au long de ma lecture ou plutôt, une phrase qui me revenait sans cesse à l’esprit : « je suis sûre que je comprendrai tout une fois la dernière phrase lue ». Car, si on se laisse facilement emporter par l’histoire et que celle-ci se lit presque d’une traite, on se demande où diable cet auteur veut en venir ?
Pour une fois, je vais commencer par ce que je n’ai pas aimé. Parce qu’il n’y a pas grand-chose à lister. Peut-être quelques petites longueurs (oui oui, pour un livre de 200 pages je sais, je suis peut-être trop difficile). Mais parfois, j’ai trouvé que certains passages n’apportaient pas grand-chose à l’histoire. Et c’est dommage parce que ça coupe la dynamique du récit. Je n'ai pas trop aimé non plus les connotations religieuses mais ça, c'est très subjectif. Voilà pour les défauts.
Ce que j’ai particulièrement aimé, c’est toute cette introspection avec Jonas. Et je trouve qu’Olivier Bleys excelle dans ce domaine. J’ai aimé cette rencontre avec le gardien et Jésus. J’ai aimé la construction du récit qui commence de façon tout à fait ordinaire, très descriptive puis qui bascule petit à petit vers un autre style, plus étrange et comme le dit si bien le quatrième de couverture « on ne sait plus si nous sommes dans la réalité ou non ». On se sent un peu perdu face aux événements qui s’acharnent sur ce pauvre Jonas. Qu’est-ce qu’il a bien pu faire pour mériter ça ? A vous de le découvrir…