Didier Lamaison traduit à sa façon la pièce de Sophocle, la changeant en prose et extrapolant autour du texte original, assez succinct, pour l'orner d'interprétations plus personnelles. Conservant à l'identique les ressorts de la tragédie, il étale l'intrigue sur une plus longue durée, diluant les épisodes clés dans des scènes de transition qui font respirer le texte, comme les jeux entre les enfants d'Œdipe et ceux de Créon, ou ou enrichissant d'autres passages de détails de mise en scène, comme la baignade d'Œdipe et Jocaste, ou la beuverie de Tirésias et Œdipe. De même, plusieurs épisodes qui n'apparaissent pas dans l'original sont racontés ici : la cause de la malédiction de Laïos, la rencontre avec la Sphinx.
La base mythologique est bien présente, mais on la ressent comme un élément de décor pas vraiment sérieux, voire une mystification qu'Œdipe perce à jour : il s'en moque comme il se moque des prédictions de Tirésias, et on sait bien qu'à la fin tout lui retombera dessus, et la machine tragique refermera son piège. Ce que Lamaison perd en efficacité en éludant la sécheresse de Sophocle, il le gagne en donnant une profondeur supplémentaire, et une certaine modernité, au personnage d'Œdipe. Alors ce