Oda Nobunaga est le premier d'une série de romans retraçant la vie des trois unificateurs du Japon de la période Sengoku, au XVIe siècle : Oda Nobunaga, Toyotomi Hideyoshi et Ieyasu Tokugawa. Lorsque débute le roman, le Japon est morcelé en une multitude de provinces et l'empereur n'est qu'un symbole dépourvu de pouvoir. Le pays est en état de guerre permanente entre seigneurs depuis près de soixante-dix ans. Lorsque Nobunaga prend la tête du clan Oda, il est entouré d'ennemi, y compris au sein de sa propre famille.
Le roman retrace toute la vie de Nobunaga, depuis la mort de son père jusqu'à la sienne.
Oda Nobunaga est un personnage fascinant. L'auteur ne tombe pas dans le piège de la glorification béate. Ainsi, l'homme qui rêve d'unifier le Japon est également impulsif et capable des pires excès sous le coup de la colère. Il gouverne en inspirant autant le respect à ses alliés que la peur pour ses ennemis.
Son manque de respect pour les traditions lui vaudra beaucoup d'inimitié, mais sera également sa principale force. Il saura faire évoluer l'art de la guerre avec des stratégies audacieuses, prônant la ruse et la surprise. Les généraux ennemis, empêtrés dans une doctrine militaire stéréotypée, n'auront d'autre choix que de se soumettre ou périr. Nobunaga saura également comprendre l'importance de l'arquebuse, arme méprisée par les bushis, ét l'employer correctement sur le champ de bataille.
On sent que l'auteur maitrise son sujet. Les références historiques sont nombreuses et semblent bien documentées. Charles-Pierre Serain ne se contente pas d'énumérer des rapports de bataille et nous décrit également la vie quotidienne de la noblesse de l'époque. Il n'y a par contre pas de descriptions du mode de vie du bas peuple, c'est dommage. Par contre, le récit fait la part belle aux ninjas ! Là encore, le réalisme historique est de rigueur et, paradoxalement, cela rend ces hommes de l'ombre plus impressionnants que leur image fantaisiste à laquelle le cinéma d'action nous a habitué.
J'ai écrit en introduction qu'Oda Nobunaga était le premier d'une série de roman. Il se trouve que j'ai déjà lu le second, intitulé Toyotomi Hideyoshi, le rêve du Singe. Bien que les deux hommes aient été très proches pendant de nombreuses années, je n'ai pas eu de sentiment de répétition. Au contraire, découvrir les évènements communs aux deux romans sous des angles différents était très intéressant. Ces éléments communs n'étaient d'ailleurs pas aussi nombreux que je ne l'avais imaginé.
Malgré tout, le roman n'est pas exempt de défaut. Je lui reprocherais surtout d'être trop court, d'aller trop vite par moment. L'auteur se permet plusieurs ellipses, sans doute pour dynamiser un peu l'histoire. Il s'en permet un peu trop à mon goût. J'aurais préféré qu'il prenne plus son temps sur certains passages. Le second tome comble certains trous, mais pas tous. J'aurais aimé en savoir plus sur Kitsuno et l'évolution de sa santé, par exemple.
La fin est aussi belle qu'abrupte. Elle donne d'autant plus envie de lire le second tome.
Oda Nobunaga est un excellent roman. Une façon agréable de découvrir une époque charnière de l'histoire du Japon.