Le degré zéro de l'écriture
Je ne connaissais pas cet écrivain, mais c'est grâce au remarquable livre de Joël DICKER ("La Vérité sur l'affaire Harry Quebert") que j'ai fait connaissance des éditions FALLOIS. Un peu naïvement, j'ai donc, dans la foulée, acheté le roman intitulé "L'Enfer d'une saison" de J.B. BARONIAN, que je n'ai pas lu de suite, puis le présent recueil de nouvelles, qui me paraissait prometteur, et que j'ai commencé immédiatement à lire. Mal m'en a pris !
Je n'ai jamais été confronté à une telle vacuité, et ceci à tous niveaux. Les treize récits sont tous aussi stupides et mal racontés les uns que les autres. On ne peut par ailleurs pas dire que c'est mal écrit; ce n'est, simplement, "pas écrit". La première nouvelle, par exemple (dont on peut penser qu'elle a été placée en tête parce qu'elle ne serait pas la plus mauvaise) imagine qu'un tueur en série assassine trois personnes. Le premier crime n'est pas découvert immédiatement, mais les deux suivants oui. Quand il découvre le troisième crime, l'inspecteur de police s'aperçoit qu'il connaît l'assassin, et que la victime est quelqu'un qu'il aurait lui-même aimé tuer. Il s'ensuit qu'il déclare à l'assassin qu'il ne va le poursuivre pour aucun des meurtres qu'il a commis ! Vraisemblable et passionnant ! Les sept pages du récit intitulé "Margaret", pour prendre un autre exemple, ne sont que du remplissage, l'auteur n'ayant pas assez d'imagination pour écrire une nouvelle qui tienne debout. Le dernier récit, qui donne son titre au livre, commence plutôt bien, ô miracle (un jeune garçon, en vacances, tombe amoureux d'une femme merveilleusement belle qui se donne à lui), mais cela tourne mal après deux pages, parce que ce que l'on sentait venir (en espérant que cela n'arrive pas) survient: il découvre qu'elle est la maîtresse de son père! Foudroyant d'originalité, de platitude, et de poncifs.
Un passage de ce dernier récit, pour vous donner un exemple du style: "J'ai erré dans la station balnéaire tout le reste de l'après-midi. Je n'étais plus qu'un automate, j'ignorais où j'allais et c'était comme si je traversais un univers impalpable, peuplé de fantômes furtifs et d'ombres errantes." Un "univers impalpable", des "ombres errantes": diable ! Quel styliste!
Bref, c'est ennuyeux et idiot.
Comme j'avais acheté, avant cela, du même auteur, "L'Enfer d'une saison,", je l'ai parcouru. Je n'aurais pas cru cela possible, mais c'est encore pire ! Le personnage principal de ce roman est... Arthur Rimbaud ! On le voit déambuler dans Bruxelles, il ne se passe rien, c'est mal raconté et, le comble, Rimbaud est un personnage sans caractère, un espèce d'ombre (décidément...).
On se demande comment on peut éditer semblables livres, alors que les librairies croulent sous les bons ouvrages. BARONIAN n'a décidément rien à dire, - et en plus il le dit mal.