Incontournable de Janvier 2021 de la Librairie.


C'est la première fois que je trouve une dystopie en format album jeunesse. Ce récit d'un futur sombre est pour un lectorat par conséquent plus vieux, aux alentours du second cycle primaire ( 8-9 ans en montant).


"L'éclair bleu", dont on ne connait pas la portée exacte, a laissé néanmoins un monde désertique où le ciel n'est plus bleu, où la nourriture se fait rare, mais l'eau encore plus. Les adultes sont mystérieusement devenus peu nombreux. Pour survivre, les nombreux enfants ayant survécu à l'Éclair Bleu recherchent des ressources là où il y en a : dans les décharges. Métal, jouets, pièces électroniques, alcool, tout se vend ou presque. Lizzy et ses camarades en savent quelque chose. Ils sont cinq, incluant Lizzy: Jungle, le chef, Taï-Marc, qui ne parlait jamais, Poubelle et Penny sa petite soeur - la seconde fille du groupe. Ils sont d'ethnies différentes et d'âge différents et ont tous leur champ d'expertise en matière de trouvailles. Néanmoins, le rapport de partage est inégal: les garçons mangent en premier, puis Lizzy, puis Penny, la plus petite. Ils sont au plus bas d'un système hiérarchique de travailleurs. Un jour, ils font une découverte, un objet dont ils ne connaissent même pas le nom. Ils flairent cependant le coup d'argent possible. Ils entreprennent donc se remonter l'échelle de travailleurs, de sous-chef en sous-chef, afin de revendre le précieux objet. Cela les mènera aux abords d'une ville, où ils connaitront la valeur de l'objet, mais en même temps, le potentiel d'avenir qu'il détient.


Cet album peut faire penser aux décharges de l'univers de Wall-E ( Pixar) aussi bien que celui de Mad Max ( certes pas aussi violent) pour son apparence désertique et ses rares ressources. Pourtant, il existe un élément qui n'a rien de futuriste dans ce récit: des enfants condamnés à trier des déchets pour s'assurer une maigre subsistance, ça existe depuis longtemps dans certaines région de monde, notamment l'Inde et la Chine.


Cette petite histoire recèle de nombreux points très intéressants. Dans ce monde, le commerce fait loi de tout, c'est presque devenu l'élément social absolu, ce qui est intriguant. On devient propriétaire ce qu'on trouve et donc, on ne peut ni le dérober ni lui imposer un prix.


On traite également du rapport entre les genres, qui est inégal, une fois de plus. Les filles mangent après les garçons, sans doute l'exemple le plus révélateur.


On traite également de l'environnement, puisque ce monde semble résulter des conséquences de consommation, de pollution de autres abus dommageable à la planète. Même la nature semble en avoir prit un coup: on n'a qu'à regarder les étranges créatures qui peuplent ce monde.


Enfin, c'est intéressant de constater que l'objet en question ( qu'on devine assez bien) garde non seulement sa pertinence en tant que ressource culturelle, mais qu'elle n'ait pas exactement de "prix". Peux-on mettre une valeur sur le savoir ou sur la culture? Une chose est sure, plus les personnages en présence étaient "vieux" ou hiérarchiquement élevé, plus les enchères montaient, comme s'ils savaient à quoi ils avaient affaire. Dans ce monde où il ne reste presque rien, il est non seulement l'un des derniers objet de relais du savoir, un témoin de l'Histoire, il est également un moyen d'évasion. Et des moyens d'évasion, dans un monde pareil, il n'en reste que très peu.


C'est un type d'histoire sur lequel on peut extrapoler largement, opposer des concepts, stimuler des domaines comme la philosophie et même développer l'opinion ou le sens critique chez les plus jeunes. Je le verrais bien en salle de classe pour alimenter des discutions.


Le dessin est par ailleurs magnifique, réaliste et bien imaginé. On aurait pu facilement en faire une BD. le travail en couleur est excellent et j'aime cette omniprésence du orange désertique.


C'est assurément le genre de livre pour les jeunes lecteurs qui aiment les trucs "spéciaux", les histoires innovantes et les belles images. Peut-être même une agréable alternative aux romans? Une histoire qui aiguise la conscientisation tout en étant attrayante.


À découvrir!

Shaynning

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