Un roman sur le foot ? Oui, c'est possible

« - Sur la feuille d’arbitre, j’écris onze noms. Pas douze, pas quinze. Onze. Sur le banc de touche je n’assieds personne. Les onze hommes qui montent ne seront pas remplacés. Pas d’autre issues que… […]
- Laissons de côté la question des cartons rouge. Si on en prend un, par exemple Dobro, il n’est pas remplacé. Ça ne change rien. Mais si un gars se blesse ?
- Les autres continuent à dix.
- Contre l’AC Milan ? L’Eendracht Winterveld prendrait le risque de jouer à dix contre l’AC Milan ?
- Oui. […] Si je les prive de remplaçants, je chauffe mes joueurs à mille degrés, à blanc. »

Le club de l’Eendracht Winterveld, petite bourgade flamande, se retrouve en demi-finale de la Coupe des coupes face au grand AC Milan. Battu 1 – 0 à l’aller, les joueurs de l’Eendracht doivent espérer marquer au moins deux goals. Deux goals, ça semble impensable. Le coach Rouillon prend une décision tout aussi impensable : onze joueur sur le terrain, pas de remplaçants.
Onze mille supporters en tribune, onze homme sur le terrain, personne sur le banc et nonante minutes pour créer l’exploit.

Xavier Deutsch est un auteur belge, un des rares qui arrive à vivre de ça plume. Il a écrit plusieurs livres assez connu dont "Onze", pour la jeunesse, mais aussi "Hope" ou "Le cantique des carabines", tous les trois chez Mijade, une maison d'édition qu'il affectionne tout particulièrement. A côté de ça, il a aussi écrit pour le théâtre et a aussi pratiqué l'art de la chronique.

Un livre romancé sur le football peut sembler désarmant au début. Le foot on le regarde ou on l’écoute, au pire, mais le lire ? Mettons les choses au clair tout de suite : ce n’est pas le commentaire d’un match sur 140 pages mais plutôt l’histoire d’une situation totalement improbable, d’un remake moderne de David contre Goliath qui met en scène des personnages attachant, qui sont comme nous ; ce sont des gens que l’on pourrait rencontrer dans la rue et qui un jour se retrouvent propulsés au rang de héros. C’est justement cette manière d’aborder l’histoire qui fait le succès du livre (Prix RTS Littérature pour ado, Prix du roman belge Libbylit, finaliste du Prix Farniente).
Malgré qu’il parle de football, un thème clivant qui risquerait de directement réduire le nombre de lecteur potentiel, (presque) n’importe qui qui se lancerait dans la lecture de se livre se retrouverait emporter avec cette équipe de l’Eendracht, se retrouverait à lire avec passion le déroulement du match, à s’extasier avec les joueurs et à souffrir avec eux. C’est là la force du livre : malgré un thème qui pourrait ne pas plaire à tout le monde, tout ce que l’auteur développe autour de ce match permet de nous y plonger pleinement et tout le monde, qu’il aime le foot ou pas, à cette tendance à supporter et à s’investir quand le « petit » affronte le « grand ».
À côté de ça, j’ai eu un peu de mal à me faire au style d’écriture assez caractéristique de l’auteur, mais après être entré dans le vif du sujet (la préparation du match) ma lecture en est devenue beaucoup plus fluide. Si on excepte ceci, j’ai bien aimé ce livre (et le fait que je sois fan de football à la base n’aurait changé en rien mon avis). En cas de disette de match européens à la télé, ce livre peut toujours être lu et relu pour combler ce manque.