Le Puits
7.6
Le Puits

livre de Iván Repila (2013)


« - Il n’y a rien à manger.
- Comment ça rien à manger ? Et le sac ? Le Grand garde le silence quelques secondes. Le sac se trouve dans un recoin du puits, pareil à un tas de boue. Il n’y ont pas touché depuis leur arrivée.
- Les provisions dans le sac, c’est pour maman, dit-il d’un ton sec. La colère et la résignation dessinent une grimace sur le visage du Petit, qui se lève en s’appuyant d’abord par terre puis à la paroi. Son frère pousse un soupir peiné.
- Et maintenant sortons d’ici. »



Deux frères, le Grand et le Petit, sont tombés dans un puits creusé dans une forêt après avoir été chercher de la nourriture pour leur mère. Comment survivre dans ce puits duquel on ne peut pas sortir ? Que faire du sac de provisions ? C’est plusieurs semaines de calvaire auxquelles devront faire face les deux frères, résistant au froid, à la chaleur, à la faim mais aussi à la folie, se répétant cette litanie pour seul salut : « Il faut sortir de ce puits, apporter le sac de provision à notre mère et se venger de celui qui nous a fait tomber dedans. »


Ivàn Repila est un jeune et talentueux auteur espagnol. Il commence tout juste sa carrière d'écrivain avec "Una comedia canalla", non traduit en français, en 2012. Mais c'est son second livre qui va lui apporter toute la reconnaisse qu'il mérite: "El niño que robó el caballo de Atila", 2013 pour sa version originale, "Le puits" en français, acclamé par la critique à juste titre.


Ce livre est un extraordinaire huis-clos où l’auteur, en une centaine de pages, nous fait passer par différents stades émotionnels et réussi à établir et faire évoluer au cours du récit la personnalité des deux frères. L’amour qu’il y a entre eux deux y est dépeint avec beaucoup de justesse et de tendresse, un amour exacerbé par leur situation désastreuse. Leur calvaire est décrit avec beaucoup de réalisme ce qui tranche avec la caractère atemporel du récit (on ne sait pas où et quand on est, le monde qu’on nous montre ne se limite qu’au puits, à la forêt et à une prétendue ville où habite la mère) qui laisse place à un large horizon interprétatif dans lequel des personnages sans nom et sans âges permettent de décloisonner le récit.
Le découpage du livre en chapitres de 1 à 4 pages sert parfaitement à installer un rythme saccader à l’histoire qui confère au huis-clos un caractère beaucoup plus oppressant, ne se concentrant, comme dans un journal de bord, que sur certaines situations sur une longue période de temps permettant au lecteurs d’imaginer ce qu’il se passe hors de ces situations décrites.
Il ne faut pas non plus parler de seulement deux protagoniste principaux car, comme pour « Notre-Dame de Paris » où la cathédrale fonctionne comme un personnage à part entière, ici, le puits fonctionne aussi comme une entité distincte.
Le fait aussi de mettre en scène dans un même récit une mère et deux enfants coincés dans un puits sombre et humide au-delà duquel, si on sort, on vie laisse place à beaucoup d’interprétations.

andopane
9
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le 20 févr. 2017

Critique lue 706 fois

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