Op Oloop par LeChiendeSinope
19h55
Je commence la rédaction de la critique d'Op Oloop. Je ne sais pas trop par quoi débuter. Un petit résumé de l'histoire ? Non, trop classique. Et puis je me suis dit, finalement, après une minute de réflexion, que j'allais reprendre le schéma chronologique du roman qui suit dix-neuf heures de la vie de son personnage principal, et inventer une nouvelle forme de critique : la critique en temps réel.
19h56
Ce roman ne m'a pas laissé un souvenir impérissable. Trois choses m'ont incités à le lire :
- j'adore les auteurs argentins
- Borges est une de mes divinités, et on rapproche Juan Filloy de celui-ci (notamment au dos de la couverture)
- tous les romans de l'auteur, qui a vécu 108 ans, font sept lettres, ce qui est amusant.
Maintenant, trois autres choses :
- la littérature argentine est vaste
- rapprocher Filloy de Borges est un argument marketing, ils ne partagent que leur nationalité, et l'amour que l'un porte à l'autre
- un bon titre ne fait pas forcément un bon roman
20h00
Derrière ces atours de petit bijou d'inventivité, cette critique en réalité mal fagotée s'engage vers un chemin dont j'ai bien du mal à entrapercevoir l'issue. Quelque part, Op Oloop me rappelle La Conjuration des Imbéciles. Comprendre : c'est drôle, absurde, assez simple à lire sans être simpliste, et inventif.
20h02
Le début m'a fait marrer. La fin m'a émue. Et entre les deux, je dois avouer que je me suis fait chier. Op Oloop, ce statisticien érudit, est un personnage auquel il est difficile de s'identifier. Ses aventures m'ont fait chier. Mention spéciale à un dîner/une cuite entre amis qui s'éternise sur des dizaines de pages. J'ai failli refermer mon livre, avant de me rappeler que par déontologie je me devais de le terminer pour pouvoir prétendre à l'objectivité critique attendue par mes nombreux lecteurs de SensCritique.
20h04
Les critiques en temps réel, ça a le mérite de ne pas prendre beaucoup de temps. Quid de la syntaxe ? Quid de l'orthographe ? Allons, on s'en fout, de toutes façons je vais devoir me contenter d'un ou de deux petits "j'aime" à tout casser.
20h14
J'ai craqué. J'ai ouvert un autre onglet, et ai filé sur un site que la décence m'interdit de mentionner. Dix minutes de perdues, et ma critiques n'avance pas. Je vais devoir songer à la conclure, mais je ne me souviens même plus quelle oeuvre je suis en train de juger bêtement derrière mon écran, en me prenant pour le pourfendeur des mauvaises oeuvres, cigare à la main et monocle sur l'oeil.
20h16
J'ai dit que le début m'avait amusé, ou fait rire, je ne sais plus. Je me rends compte que je ne me souviens plus du début.
20h17
J'ai voulu reprendre le livre pour peaufiner ma critique, avant de me rappeler que je l'avais emprunté.
20h28
Coup de fil. Un décès dans la famille. Je me sens triste, seul et con. Pire : j'ai l'impression d'être sale, à distiller mes avis de merde sur un site de connards égocentriques. Vous venez pour quoi ici ? Pour vous la jouer avec vos goûts de merde, les étaler comme de la merde sur les murs à la face des autres, des petits merdeux puceaux comme vous. Comme vous et moi, putain.
20h30
Je passe trois heures par jour à lire en moyenne. Disons deux, plutôt. Depuis l'âge de 16 ans. 3*365*10 = 10 950 heures, soit 456 jours environ. Je m'attendais à pire.
20h38
J'ai calculé le temps moyen passé sur SensCritique, sur Facebook et sur Internet en général. Et puis j'ai pleuré. Allons, finissons-en. Je ne vais pas terminer ma critique en faisant croire à un suicide mais la clore en revenant au livre.
20h40
Op Oloop est certainement novateur. Dans son écriture, dans les thèmes qu'il aborde. C'est parfois vulgaire, c'est souvent drôle, mais aussi assez chiant. Laissez-vous tenter par l'expérience, si vous aimer rire en lisant (ça n'est pas mon cas).