Seul contre tous
7.2
Seul contre tous

Film de Gaspar Noé (1999)

Un batôn de dynamite enfoncé à sec dans le cul de la morale française

En matière de film glauque et sordide, je crois que jamais personne n'est allé aussi loin que Noé avec Seul Contre Tous, son tout premier long, qui est en fait la suite directe de Carne sorti en 91. On reprend donc les choses là ou on les a laissées : à sa sortie de prison, un ancien boucher chevalin dont on ignore le nom décide de reprendre sa vie en main et de partir sur Paris. Toujours tiraillé par un amour interdit envers sa fille, aigri, assoiffé de vengeance, il va vite très vite sombrer...

Ce pauvre boucher en a après le monde entier. Envers la société, qui délaisse les pauvres comme lui au profit des riches, envers la France, ce pays de merde, envers les gens, tous cons et hypocrites. Le film n'est en fait quasiment qu'un long monologue, ou le boucher nous assène ses phrases chocs en pleine figure. C'est à la fois très bien écrit, et en même temps très violent, et cinglant. Une phrase fait rire (humour noir), la suivante détonne par sa vulgarité. Difficile de rester de marbre devant ce travail d'écriture très soigné.

La photograhie est sombre, les couleurs ternes, délavées. Tout est fait pour entretenir le malaise. Jamais le héros ne sourit, c'est une pauvre merde, pire un monstre, magnifiquement interprété par un Philippe Nahon assez terrifiant. Bordel on se demande bien comment un type peut en arriver là, et on suit ses déboires de pauvre type complètement seul, obsédé par le cul, violent.

Tout est pathétique et noir dans ce film : absolument tous les personnages, toutes les scènes, du début à la fin. C'est sans espoir. Jusqu'à une fin assez incroyable, violente et trompeuse, qui met fin à 90 minutes de misère.
Noe est quelqu'un de très doué, on retrouve les thèmes qui lui sont chers : la misère, la haine, l'amour, accompagné de ses tics de réalisation : scènes ultra-violentes (mais assez rares pour éviter la banalisation), messages assénés au spectateurs en grosses lettres au milieu de l'écran, gros plans sur les visages (Mon Dieu la gueule de Nahon !), plans séquences.

Difficile d'adorer un film aussi nihiliste. A voir parce que Noe a le mérite de faire bouger le cinéma français.
LeChiendeSinope
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le 14 mai 2010

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LeChiendeSinope

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