Palestine, c'est un livre bref et intense, qui manque un peu d'épaisseur et de durée pour être tangible. Cham est un jeune soldat israélien qui est kidnappé lors d'une attaque surprise par un groupe armé, mais qui semble ne manquer à personne, puisqu'il n'est pas porté disparu.
Emmené en territoire palestinien, il finira par passer des mains de ses captifs aux soins d'une famille amputée : une vieille femme aveugle et sa fille anorexique. Cham est hébété, semble-t-il, et la famille décide de le faire passer pour Nessim, le fils disparu à qui il ressemble comme deux gouttes d'eau.
De fil en aiguille, Cham/Nessim va subir les brimades que l'armée israélienne fait subir quotidiennement aux civils palestinien, chaque individu semblant porter à lui seul le poids des attentats suicides commis par certains. Des colonies injustes aux check-points, en passant par diverses humiliations, Nessim semble suivre le mouvement sans jamais être tenté de révéler son identité, de vouloir retourner parmi les siens.
Un peu comme dans un rêve, fantôme de son propre corps, il se laisse porter par des évènements relativement improbables (pas en soi, mais appliqués à ce personnage) jusqu'à cette fin aussi dramatique qu'intense, mais aussi ubuesque que facile.
S'il est toujours intéressant que la littérature, comme le cinéma, apporte sa pierre au laborieux édifice qu'est l'intellectualisation d'un conflit injuste et idiot qui oppose israéliens et palestiniens, et permette de faire avancer un processus de paix aux allures de mirage, ce faire-valoir ne doit pas être la seule qualité d'une oeuvre littéraire.