Voici un livre dont je n'attendais pas grand chose; à vrai dire, je l'ai pris un peu au hasard à la bibliothèque, en me disant qu'il ferait bien l'affaire pour ce à quoi je le destinais : m'occuper sur la plage.
Et bien, ce fut une bonne surprise.
C'est l'histoire, narrée à la première personne, de son point de vue principalement, de Laura, jeune mariée enceinte, qui vit dans l'angoisse d'être retrouvée par la mystérieuse et légèrement psychédélique Beth, qu'elle fuit au point d'avoir changé de nom et de s'interdire toute trace sur le Net.
Qui est Beth, pourquoi fait-elle si peur à Laura ? C'est ce que de réguliers flashbacks vont nous permettre de comprendre petit à petit.
Laura, bourrée de principes et vite sujette à la culpabilité, va devoir porter le poids d'un "petit" mensonge (pourtant capital) fait devant le tribunal, pour la bonne cause pense-t-elle. Pourtant, question mensonges, elle n'est pas au bout de ses surprises.
Le mensonge, les motivations variées (et pas toujours mauvaises) du menteur et ses conséquences, sont la pierre angulaire de ce roman, bien au-delà de son aspect de "thriller psychologique".
Ici, tous mentent. Certains, pour protéger leur réputation ou nier un acte répréhensible et tenter d'échapper à la sanction. D'autres, pour protéger un être cher ou pour ne pas laisser un coupable s'en sortir impunément. D'autres encore, par lâcheté. Tous, parce que pris à leur propre piège, parce qu'un mensonge en entraîne souvent un autre, sont pris dans un engrenage dont il devient difficile de sortir sans dégâts collatéraux. Tous ont des motivations différentes, cependant, un trait d'union les rassemble : la conclusion qui veut qu'à terme, un mensonge, même initialement bien intentionné, n'amène rien de bien positif.
Les personnages, peu nombreux, sont cependant bien décrits, et leurs états d'âmes, leurs angoisses et leur culpabilité, bien dépeinte (même si celui de Jamie devient un peu caricatural, dommage).
Le récit parvient à nous faire douter des uns puis des autres, et à nous surprendre lorsque l'on change véritablement de narrateur, et que Kit prend enfin vraiment la parole, autrement que pour nous raconter factuellement sa petite croisière troisième âge.
Le jonglage entre les narrateurs et les temporalités est maîtrisé et n'entraîne pas de confusion.
Mis à part quelques longueurs au niveau des descriptions des éclipses, l'ennui n'a pas pointé son nez.
Au final, un chouette roman sans prétention qui porte bien le thème qu'il illustre, celui du mensonge, de ses différents visages, et de ses conséquences, dans les faits concrets, dans les relations interpersonnelles, ou tout simplement dans la tête et la conscience du menteur.