"Parvana: Une enfance en Afghanistan" est le premier tome d'une série de quatre sur une jeune Afghane de 11 ans, Parvana, et la réalité politico-sociale de son pays, écrasé et opprimé par le régime extrémiste taliban. Si Parvana elle-même est fictive, le contexte de son histoire est bien réel.


Parvana est née dans une Afghanistan en guerre, mais les choses ont empiré lors de la prise de Kaboul par les extrémistes talibans. Forcée de fuir maisons après maisons, détruites par les bombes, la famille de Parvana tente de survivre, dans ce pays qui fut autrefois florissant et moderne. Confinés dans un appartement minuscule, seul le père de Parvana, en sa qualité d'homme, est autorisé à sortir. Parvana, cachée sous son tchador, est autorisée à suivre son père, car elle lui sert d'appuis, l'homme ayant perdu sa jambe. Il avait bien une prothèse, mais il l'a vendu pour nourrir sa famille. Ils vendent tous les jours des objets qu'ils sont parvenus à garder et offre un service de Lecture et l'Écriture, car l'analphabétisme étant encore dominant dans le pays, savoir lire et écrire sont des qualités rares. Un jour, cependant, des talibans viennent arrêter le Père de Parvana, furieux de le savoir instruit en Angleterre par le passé. L'instruction étrangère est très mal perçue par les talibans. Expédié en prison sans motifs ni toute forme de procès, la famille de Parvana doit se réorganiser. Comptant sur l’appuie de madame Weera, ancienne enseignante de sports de son école de filles, Parvana endosse alors un nouveau rôle: celui de "Kaseem", un garçon de 11 ans, revêtant les habits de son réel aîné décédé, Hossain. Le quotidien de Parvana est alors teinté d'une nouvelle liberté, mais elle est alors exposée aux horreurs commises par les Talibans.


Tout comme le roman "Le courage d'Amal", d'Aischa Seed, le récit de Parvana nous mène au Moyen-Orient, malheureusement trop connu pour ses guerres et ses factions extrémistes musulmanes. Pourtant, dans ce roman comme dans l'autre, on apprend que les gens de ces pays avaient une culture dont ils étaient fiers et dont ils se font les gardiens, en ces temps incertains. Le père de Parvana, instruit et sage, nous livre quelques pans d'Histoire, vantant le courage des femmes Aghanes, l'hospitalité de son peuple dont il est très fier, les marchés florissants et la beauté des villes. Une Afghanistan que nous , étrangers, ne connaissons pas du tout. C'est donc une part très intéressante de ce roman d'entendre parler de leur culture.


Également, vous serez confrontés à un phénomène social assez particulier qui a court dans les pays du Moyen-Orient: le phénomène Basha Posh, soit les jeunes filles travesties en garçons dans les familles qui n'ont plus d'hommes ou dont les garçons sont trop jeunes. Il existe de plus en plus de romans sur le sujet.


Parvana fait écho à Amal, à Malala, à Farroukzad, à tous ces personnages, réelles ou fictives, du Moyen-Orient qui sont des filles fortes et courageuses, dans une civilisation parasitée qui a réduit les femmes à moins que rien. D'abord effrayée, elle prendra en assurance et fera tout en œuvre pour soutenir sa famille. Mais tandis qu' Amal, Malala et Farroukzad ont 14-15 ans, Parvana n'en a que 11. Comme les autres, elle est éduquée plus que la grande majorité des citoyens, mais contrairement aux autres, elle ne saisit pas tous les enjeux et elle est moins mature. Néanmoins, à un si jeune âge, elle est confrontée à des situations particulièrement difficiles. Je pense notamment à cette arène de soccer dans laquelle on exécute ou démembre des "criminels", ou encore à ce commerce d'ossements pigés à même les tombes au détriment du respect des défunts.


C'est un petit roman relativement court, bien écrit, dont la portée du sujets et le degré de violence en présence conviendrait aux Lecteurs de 11-12 ans, ou du troisième cycle primaire en montant. Vous trouverez également un lexique pour les mots plus exotiques.


J'apprécie beaucoup ce genre de roman, car il nous entraine dans le quotidien d'enfants de part le monde dont la réalité tranche radicalement avec la nôtre, douillette et sécuritaire. Il est bon de confronter nos jeunes à la réalité d'ailleurs, ne serait-ce que pour prendre conscience de sa chance et mieux apprécier son confort. Ne serait-ce que pour comprendre l'énorme chance d'être scolarisé, qu'on soit un garçon ou une fille.


À découvrir!


Vous trouverez également cette histoire en version cinématographique et en format BD.


P.S: " Tous les droits de l'auteure provenant de la vente de ce livre seront versés à Canadian Women for women in Afghanistan ( www.cw4wafghan.ca) afin de venir en aide au fonds Parvana's Fund qui soutient les projets en matière d'éducation à l'intention des femmes et des enfants afghans," ( Note en bas de 4e de couverture)

Shaynning

Écrit par

Critique lue 401 fois

1

D'autres avis sur Parvana, une enfance en Afghanistan

Du même critique

Heartstopper
Shaynning
6

Critique de Shaynning

Cette Bd, qui a un format de roman, donne le ton dès sa couverture: deux gars qui sont appelés à se rapprocher malgré des looks plutôt différents. Même les couleurs illustrent d'emblée la douceur de...

le 25 févr. 2023

4 j'aime

Le Réveil du dragon - Brume, tome 1
Shaynning
8

Critique de Shaynning

Incontournable BD Jeunesse Juillet 2023Quel petite pépite cette BD. Une introduction originale, un personnage principal de type témoin, une petite sorcière dont la confiance en soi n'a d'égal que ses...

le 30 juil. 2023

3 j'aime

2