Crétomanie

La découverte de la civilisation crétoise par Sir Arthur Evans, et la fouille du site de Cnossos à partir de 1900, frappa les esprits en Occident. Pour la première fois, on découvrait en Europe une civilisation magnifique, et différente de ce qu'on connaissait de la Grèce antique. Nul doute que la civilisation crétoise marqua durablement Montherlant, qui, dans son Avant-Propos à Pasiphaé, dit voir dans les mythes crétois des "mythes solaires dont un des héros est la représentation la plus ancienne et la plus universelle du principe vital : le taureau". De même, la pièce est inspirée d'une pièce d'Euripide, Les Crétois. Variation à noter : c'est la décision qui précède l'union que choisit de représenter Montherlant.

La dimension universelle du mythe qui intéresse l'auteur : "un être humain se trouve placé devant un acte que l'opinion de son temps réprouve, et qu'il a envie de faire. Il se décide à le faire. Durant ce moment, que se passe-t-il en lui". Pasiphaé se sait coupable, mais se positionne en tant que telle devant son acte. Le personnage affirme son unicité face aux autres et face aux conventions d'un monde sclérosé : "Heureuse ou malheureuse, innocente ou coupable, je suis ce que je suis, et ne veux être rien d'autre". Face à la morale commune, représentée par la nourrice, Pasiphé devient femme et assume l'acte charnel qu'elle s'apprête à commettre.

Lieu commun s'il en est, on retrouve ici la veine antique de Montherlant : sans chercher à moderniser le mythe, Montherlant le réécrit en concordance avec l'écriture antique, dressant à grands traits le tableau d'une Grèce bucolique entre troupeaux et oliveraies sous soleil d'été.