L’été vient d’arriver et avec lui l’angoisse des matinées trop longues et des journées à remplir. Je n’irais pas jusqu’à dire comme ce bon vieux Jerome (lisez Trois hommes dans un bateau une fois ou deux et il deviendra pour vous aussi ce « bon vieux Jerome ») que la paresse est chez moi un don mais enfin c’est un trait de caractère assez inexpugnable. Et voilà justement que par une nuit d’insomnie je retrouve cet opuscule d’il y a un ou deux étés, partant certes en lambeaux mais encore bien lisible. Je me sentais concerné, j’ai repris la lecture.


C’est toujours aussi formidable, bien sûr. Un siècle plus tard Jerome est toujours ce maître à penser cocasse et bon enfant qui n’enflammera personne mais saura mieux que quiconque illuminer une soirée un peu fraîche. Contrairement à ce que le titre suggère, il n’est pas uniquement question de paresse mais de paresse, d’amour, de la dèche et de toutes ces autres choses qui nous rendent la vie si pénible et agréable et sur lesquelles Jerome pose son regard pénétrant.
Comme l’auteur de la préface de la nouvelle version française – Claro – le fait si bien remarquer, il n’est pas tant ici question de paresse que d’oisiveté, l’idleness anglaise qui est une pensée vagabonde, la branche fragile sur laquelle l’idée se pose mais ne ferait jamais son nid. La philosophie bonhomme de Jerome ne lui épargne pas un mot parfois plus haut qu'un autre, ni ne cache parfaitement son petit côté écorché vif, ce qui nuit un peu à l'humeur générale du bouquin, mais les pires grognons font parfois la meilleure compagnie quand ils ont bon fond. Pour parler si bien des chiens il doit sacrément malaimer les hommes !


Parce qu’il est si gaillardement imparfait Jerome n’en est que plus charmant. Les paresseux de tous temps trouveront chez lui un grand frère bienveillant, jamais abscons, parfois un peu grandiloquent, la pipe au bec et toujours le mot pour rire. Il occupe depuis maintenant un siècle une humble cellule de la littérature qui n’est ni la plus grande, ni la plus méritoire, mais c'est celle à laquelle je reviens avec le plus de plaisir.

Tezuka
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le 4 juil. 2017

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