Persona
7.5
Persona

livre de Maxime Girardeau (2020)

Je découvre « Persona » grâce à NetGalley et aux éditions Fayard/Mazarine. Pour son premier roman, Maxime Girardeau revendique l’étiquette Thriller. Et il a bien raison. Ce récit en illustre les codes avec une violence crue que l’on pourrait penser insupportable. Mais l’auteur insère celle-ci dans une analyse psychologique assez fine de notre époque et des composantes de l’espèce humaine. L’écriture prend alors le rythme tantôt d’une respiration haletante, tantôt d’une apnée dans l’indicible ou encore celui d’un retour au calme, à la confiance, à la certitude que la prodigieuse intuition de l’enquêteur finira par triompher.
Avec son héros central, Maxime Girardeau campe un commissaire atypique puisant sa force et sa connaissance de l’âme humaine dans une enfance auprès d’une mère au fonctionnement mental peu commun (A découvrir !). Pour le seconder, il le dote d’une équipe ne manquant ni d’originalité dans les domaines d’expertise qui la constitue, ni de puissance dans les moyens d’action mis en œuvre.
Et dès l’entame du récit, le lecteur est projeté dans l’inhabituel : Pourquoi faire appel à un commissaire de la Crim’ pour des faits qui ne sont, en fait, que des agressions sans meurtre ? Oui, mais imaginez tout de même : les victimes sont partiellement démembrées, déchiquetées ou transpercées ci et là à coups de foreuse, les torsions imposées à la colonne engendrent des paralysies… alors que le criminel veille toujours soigneusement à les maintenir en vie, un masque de pierre cloué sur les visages. Mortes pour le monde mais à jamais enfermées vivantes à l’intérieur d’elles-mêmes. Quelle horreur !
Et pour le cadre du récit, l’auteur choisit le milieu des GAFAM (Google – Apple – Facebook – Amazon – Microsoft) où les dirigeants créent pour nous des besoins fictifs et nous imposent achats et croyances qui nous déshumanisent.
Le titre, Maxime Girardeau en donnera l’explication en introduisant dans le tableau, sans aucune lourdeur, la notion de ‘persona’ selon le psychologue suisse Carl Jung (né en 1875). Il justifie par là le poids des masques que portent les victimes, ce qui ne les rend pas moins lourds pour autant. C’est terrifiant à souhait !
Derrière ce roman addict, il y a, bien sûr, une lecture de nos Sociétés et du cynisme avec lequel les uns et les autres forgent et déploient leurs pouvoirs sans égard pour les âmes humaines broyées.
Maxime Girardeau, un auteur à suivre. Persona, un premier roman qui percute mais laisse tout de même un goût amer dans la bouche de qui prend le temps de s’arrêter pour réfléchir au point final…

Créée

le 21 févr. 2020

Critique lue 90 fois

2 j'aime

1 commentaire

Critique lue 90 fois

2
1

D'autres avis sur Persona

Persona
habibaelb
6

À un chouïa près il était parfait !

L’histoire, c’est celle de Franck Sommerset, un commissaire de la Crim’ appelé sur une scène... où la victime n’est pas décédée ? C’est du jamais vu ! Jamais vu, comme la violence qui se dégage de la...

le 15 août 2020

1 j'aime

Persona
loeilnoir
9

Un thriller fascinant, intense, moderne et très prometteur

Un homme drogué aux barbituriques se réveille dans un bâtiment abandonné, les membres entravés, enfermé dans un tonneau de bois, le corps tailladé de profondes entailles. Il porte un masque antique...

le 21 avr. 2020

Du même critique

Charlotte
François_CONSTANT
8

Critique de Charlotte par François CONSTANT

La chevauchée tragique de la Mort qui pousse à vivre. La Mort qui s’approche, s’accroche, fait peur, étouffe, éloigne, rapproche. La Mort qui force Charlotte Salomon, juive allemande, à devenir sa...

le 20 nov. 2014

18 j'aime

4

L'Amour et les forêts
François_CONSTANT
8

Critique de L'Amour et les forêts par François CONSTANT

À travers « L’AMOUR ET LES FORÊTS », paru chez Gallimard en 2014, je découvre l’auteur Éric REINHART. Belle découverte ! Bénédicte Ombredanne est une lectrice de cet auteur. Ayant apprécié son...

le 27 févr. 2015

17 j'aime

4

L'Art de perdre
François_CONSTANT
8

Critique de L'Art de perdre par François CONSTANT

« L’art de perdre » écrit par Alice ZENITER est la troublante histoire du silence de deux nations conduisant à la perte de paroles, donc de mémoire, de trois générations, celles d’Ali, Hamid et...

le 7 nov. 2017

14 j'aime