Beaucoup de pages pour pas grand chose
Depuis que j'ai vu le film 'The doors', je sais que Jim Morrison est une sorte d'icône, de symbole. J'aime bien la musique du groupe. J'aime bien le film de Oliver Stone. Un jour, j'ai trouvé un coffret contenant les poèmes de Jim ainsi que cette biographie. J'ai lu les poèmes en premier. Je n'ai pas adhéré. A la base je ne suis déjà pas très poésie, mais là, que ce soit en anglais ou en français, je trouve les textes insipides. Je me suis dit qu'il serait intéressant de lire la biographie. Pareil, je déchante.
Le plus emmerdant avec ce livre, c'est cette tentative de romantiser les faits. Les deux auteurs racontent Jim comme s'il s'agissait du personnage principal d'un roman. Du coup, les faits prennent une tournure beaucoup trop fictive et la forme a tendance à distraire le lecteur. Les auteurs essaient à plusieurs reprises de créer une atmosphère : ils utilisent des ellipses, des tournures de phrase compliquées, des flash back... A la limite pourquoi pas? Sauf que les auteurs ne savent pas écrire, que cette tentative de créer une tension ne prend pas car un paragraphe plus loin nous serons passés à autre chose. Le problème avec une vie, c'est que ce n'est pas réaliste en terme de narration. On ne peut pas tout faire. Et comme les auteurs veulent se rapprocher de cet exercice de style, ils foutent en l'air leur projet.
Autre reproche, je trouve que la plupart des évènements sont anecdotiques, peu intéressants. Parfois il y a des choses incroyables qui se passent qu'ils auraient pu tenter d'approfondir, mais non ils préfèrent à cela la belle ellipse narrative et passer à quelques insignifiances.
Il y a aussi cet amour pour le poète. En préface, tout est dit : ils considèrent Jim comme un Dieu. Et même s'ils s'efforcent d'en dresser un portrait 'dur' (ils n'ont pas peur de montrer ses mauvais côtés), l'admiration transparaît trop. Ce qui donne en plus un effet particulier parce que Jim se comporte vraiment comme un sale type à chaque page, mais il semble en être excusé... Le problème est qu'on ne justifie jamais le pardon, il en résulte donc l'impression que Jim reste incompris même par les auteurs, qu'il est pourri-gâté et donc... excusé!
Il y a tout de même des choses intéressantes dans ce livre, mais comme dit plus haut, ce n'est pas vraiment approfondi. Par exemple, j'aurais bien aimé en savoir plus sur les autres membres du groupe. Après tout, ce que Jim voulait, c'était être l'égal des autres membres, du coup je trouve cela dommage que deux auteurs qui disent aimer Jim se bornent à le mettre lui en avant et occulter le reste. Ainsi, exit la psychologie de Ray, Robby et John, par contre les auteurs semblent connaître la moindre pensée du chanteur. C'est surtout dans la dernière partie que ça manque cruellement. Ce que deviennent les Doors exactement on ne sait pas. On sait juste que Jim continue de faire parler de lui en Europe et sa relation aux autres membres du groupe est à peine évoquée. Pourtant j'imagine qu'ils avaient eux aussi une opinion par rapport à cette rupture (à en lire ce livre, il semblerait qu'au delà des moments d'enregistrement et ceux sur scène, les membres ne voyaient plus Jim...), et que maintenir le groupe soudé ne devait pas être aisé.
Bref, le livre se révèle peu intéressant car ne se focalise que sur un garçon qui a su faire parler de lui par le scandale, alors qu'il y avait plus de matière en abordant le groupe dans son entièreté. Il en résulte une succession d'anecdotes variablement intéressantes le tout pondu sous la plume de deux novices en matière de roman. 'Personne ne sortira d'ici vivant' est un livre ennuyant, sauf peut être pour le fan inconditionnel de Jim Morrison.