Écrivain et libertin, Jaël de Kerdhan parcourt le monde à la recherche de conquêtes féminines. Quand il n’est pas convoqué en duel par les frères d’une de ses amantes voulant laver l’honneur de leur famille, il se livre à des jeux étranges et macabres en compagnie de la noblesse décadente d’une Renaissance imaginaire. Mais vit-il réellement toutes ses aventures ? N’y a-t-il pas une part de rêve ou d’invention dans ses pérégrinations ?

Il aura donc fallu quinze ans à Laurent Kloetzer pour revenir au personnage de son premier livre, Mémoire vagabonde, et lui faire traverser de nouvelles épreuves. Au travers des cinq récits composant Petites morts, l’auteur déconstruit l’esprit de son narrateur pour le conduire la où on ne l’attend pas. Ce qui commence comme une histoire classique mêlant sexe et mort avec un héros trop séducteur pour être honnête (il lui suffit, à quelques exceptions près, de se présenter devant une femme pour qu’elle tombe à ses pieds) devient petit à petit autre chose. Les faits présentés au lecteur sont rapidement brouillés par les rêves, perturbant la fantasy comme Philip K. Dick utilisait les altérations de réalité pour déranger sa science-fiction.

Alors, évidemment, cela complique la lecture. On peut d’un paragraphe à l’autre passer d’un rêve à la réalité sans indication claire, ce qui impose une certaine gymnastique et risque de perdre les lecteurs plus habitués à David Gemmell qu’à Gene Wolfe. Et le twist central provoque un changement radical de compréhension du récit. Certains éléments peuvent paraître incongrus, voire faux avant de trouver ensuite une explication. Mais lorsque l’on commence à voir où l’écrivain veut en venir, que les briques se mettent en place, on ne peut que s’émerveiller devant la construction, et l’on a envie de tout relire pour percevoir différemment les premières nouvelles. Le recueil devient alors un ouvrage bien supérieur à la somme de ses textes.

Récit dérangeant à multiples facettes, Petites morts (le titre lui-même dévoile tous ses sens au fil de la lecture) part d'une fantasy classique pour devenir une brillante réflexion sur l’identité et la réalité. Bravo Monsieur K !
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le 28 sept. 2012

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